Il aura un peu défrayé la chronique ce film, et c'est bien à se demander pourquoi. Bien qu'avec une sensibilité bien établie à gauche, je n'ai pas eu la sensation d'avoir un film "de droite".
Déjà parce que c'est LIBREMENT inspiré de faits réels, mais aussi parce que dans les faits oui, il existe des quartiers ultra crainri, dans lesquels la population est trop facilement laissée pour compte, dans lesquels la police peine (mais pas que, parfois ce sont les pompiers qui galèrent) à faire son boulot, et où les interpellations les plus musclées (mais pas toujours) ont naturellement droit à des réponses tout aussi musclées (la légitimité de ces actions et réactions sont une autre histoire).
Le "souci" c'est que le film présente ce décorum comme la conséquence d'un gain de puissance et d'agressivité de la part des délinquants, appuie cet abandon des forces de l'ordre par ceux que commettent leurs supérieurs, leurs représentants, leur gouvernement, et omet de contextualiser a minima les raisons pour lesquelles ces quartiers existent, ces populations y trainent et ces délinquants y pullulent.
Mais c'est pas une tare en soi. Ça reste un film, une fiction. Inspirée de faits réels certes, mais pas plus que les Affranchis ou encore Scarface. La différence qui le sépare de ces exemples, c'est qu'ici on est placés du coté des flics, pas de quoi fouetter un chat. On a pas reproché aux Affranchis de pas être une fenêtre parfaite sur les époques que le film dépeint, pas de raisons de changer de règle ici. D'ailleurs Jimenez applique pas mal des codes de ces films, et ça se voyait déjà sur son précédent film.
Je pense donc qu'au contraire c'était une approche très intéressante d'une vraie affaire criminelle française.
Par contre ça devient on ne peut plus risible quand des gens le brandissent en un exemple illustrant "la réalité" ou à l'inverse en un exemple qui la pervertirait, autant les gens de gauche qui se braquent que les gens de droite qui s'en énamourent donc.
En tout cas, le moment clé de ce film était sacrément prenant, je retenais ma respiration.
Quant à la façon dont Marseille est présentée, bin c'est comme un peu plus haut : en ne se concentrant que sur certains quartiers et une toute petite poignée de persos secondaires, c'est adapté aux besoins du récit. Heureusement d'ailleurs. Dans la vraie vie, résumer la ville à ses quartiers les plus chauds ou la frange de sa population la plus dangereuse est absolument ridicule, de même qu'il est parfaitement débile de ne résumer Paris qu'à sa tour Eiffel et ses habitants les plus friqués. Un film quoi. Et c'en était un bon.