J’arrive longtemps après la polémique, mais finalement, quelque part, je comprends un peu ce que voulaient dire les gens qui ont pu trouver que Bac Nord était un film démago et malhonnête, qui tordait la réalité en adaptant au cinéma le discours du syndicat Alliance et en ne présentant que la version des avocats des baqueux dont il narre les exploits…
Mais pour ma part, j’ai finalement été assez surpris de trouver que Bac Nord était probablement le film le plus antiflic que j’avais pu voir depuis un bon moment… Une description à charge particulièrement sévère contre la BAC de Marseille, ses cowboys et ses pratiques douteuses. On suit donc le parcours édifiant de trois baqueux grandes gueules qui s’affranchissent de la loi quand ça leur chante, fument des joints et se comportent comme des gros kékés rigolards. A force, arrive ce qui devait arriver et ce qui leur pendait au nez, ils se retrouvent au ballon. Là, dans son dernier acte, le film bascule. En quelques jours, le gros connard (joué par un Gilles Lellouche parfait pour le rôle, personne n’est surpris) qui faisait le bonhomme comme un gros beauf en roulant des mécanique découvre que la prison bah c’est pas le club med.
En état de choc, détruit par une incarcération pourtant loin d’être l’enfer décrite dans nombres de rapports, il sombre dans la dépression et révèle son coté fragile de petit garçon pleurnichard. Fini le gros bonhomme qui parle fort, place à un spleen d’ado qui trouve que le monde est trop injuste. En quelques heures, le personnage est dévasté, il reste par terre à sangloter sur son sort, perdu dans sa morve, cherchant un sens à toute cette histoire sachant qu’il pourra se brosser pour trouver un chemin le menant à la rédemption. En 48 heures au trou, le perso joué par Lellouche est donc détruit par la prison... Ses collègues, forcément émus, réalisent à leur tour qu’ils ont un petit cœur qui bat et finalement trop d’empathie. Ils décident donc d’abandonner leur posture de gros mâles alphas et reconnaissent que tout ça c’était du chiqué. Ils n’ont ni honneur, ni parole et balancent donc la petite indic sympathique pour éviter à leur pote d’assumer ses actes. Elle terminera probablement carbonisée dans un coffre de voiture, hors champ car c’est pas le sujet.
Au-delà de cette édifiante description d’une humanité bien craignos, et un peu comme dans un Marchal, le reste est à la hauteur : la hiérarchie de ces policiers est composée de flics malhonnêtes et menteurs, l’IGS est détestable et incompétente et les politiques sont des crapules hypocrites…
Au niveau d’un Marchal pas inspiré, au niveau dialogue et mise en scène, Bac Nord n’en reste pas moins une œuvre misanthrope qui déteste tout et tout le monde, la police comme les gens des cités, mais surtout, à la vue du bouzin, le spectateur. C’est pas la comédie de l’année, mais comme Tom, j’ai ri.