Sensationalisme pour palier à l'absence d'Histoire


  • L'ouverture d'un film compte beaucoup. Les deux premières minutes plongent le spectateur dans un univers auquel intuitivement, il adhère ou non. On a tous en tête des scènes d'exposition qui nous ont marqués. Pour en venir aux faits, celle de Bac Nord, annonce déjà l'esprit simpliste, tendant à faire vibrer vos cordes pathétiques, qui nimbe le film. Gilles Lelouche, alias Grégory Cervas se tient debout contre un mur, procédant à la classique, car "filmogénique", photographie d'identité judiciaire. La caméra effectue un zoom avant sur le visage impassible du chef de brigade et un sous-titre nous invite, sans surprise, à un voyage analeptique ( en arrière ).


    • Nous voilà donc plongés dans le "quotidien" de la Bac Nord de Marseille, quotidien qui est postulé comme "ressemblant" puisque le scenario est "délibérément" inspiré de faits réels qui se sont déroulés au sein de la brigade éponyme en 2012. La première partie du film nous montre le quotidien de ces 3 personnages ( 3 éléments de la brigade) et des liens qu'ils entretiennent entre eux. Plusieurs scènes "d'entertainment" se succèdent ; course-poursuite pour récupérer un scooter volé, arrestation hasardeuse de petits dealers pour remplir les cotas, de vendeur à la sauvette de tortues (pour pimenter un peu la journée qui s'annonce assez "plate", "ennuyeuse"). Pourquoi pas. Après tout je n'ai aucune idée du quotidien de ces BACeux et il est possible que ces derniers, afin d'assurer la satisfaction de leur hiérarchie, s'adonnent à la "roulette" de la délinquance : "tiens, arrêtons ceux-lui lài ! On a pas fait de vendeur à la sauvette aujourd'hui". Néanmoins, l'enchaînement de ces scènes, participe à l'établissement d'une empathie de la part spectateur ; les brigadiers, soumis aux restrictions de leur hiérarchie, ne peuvent agir autrement que de manière hasardeuse. Alors, "on" ne leur en veut pas de profiter de leur statut pour racketter, profiter, de ceux qui s'adonnent à la petite délinquance car ils n'ont pas d'autre issue. Aucun questionnement éthique de leur part ; Grégory Cervas se plaint superficiellement au près de son supérieur, de la "réalité du terrain" et de la restriction de son champ d'action, de son champ de possible. ( Car oui, si son supérieur ne lui avait pas interdit de "péter" tous les quatre matins les caisses de la brigade, il serait rentré dans la première citée pour suivre cette Audi). On repense alors au soin du réalisateur qui a inscrit "largement inspiré de faits réels" ; doit-on incomber ce manque de réflexion sur l'éthique, sur l'humanité des pratiques, à l'histoire "réelle", aux faits, ou à la fiction qui fantasme ?


    • Le film prend une autre tournure lorsque le capitaine Jérôme Bodin (Cyril Lecomte) annonce enfin fièrement à son chef de brigade, qu'il va pouvoir exploser tout le budg' de celle-ci dans une mission spéciale qui va "faire du bien à tout le monde" puisque celle-ci est quémandée par le préfet. Il s'agit de démanteler un gros réseau de drogue dans "les quartiers Nord".


    Commence alors... Le film... qui décide de se focaliser sur la "quête" de shit que vont réaliser les brigadiers afin de payer la charmante indique qui sait "où" et "quand" aura lieu une grosse transaction. Lellouche se met alors à gueuler, Leklou s'emporte car il prend trop de risque pour sa vie de famille ( qui d'ailleurs tient un rôle vraiment superflue... Le rôle joué par Adèle Exarpopoulos est insignifiant. On la plaint) et Civil joue la carte du mec stressé, anxieux, en touchant sans cesse son nez avec les mains en prière "putain, ma vie, j'suis tellement dans une situation compliquée". Enchaînement de scènes caricaturales jusqu'au climax : le démantèlement du réseau par la brigade au complet.



Mention spéciale tout de même pour la scène du gamin ultra-remonté, qui ne cesse d'insulter les trois brigadiers et qui... au son de la berceuse Jul... se calme instantanément, transformant le Sheitan en Bisounours. J'essaierai sur moi. ( Même si j'avoue que un son de Jul me met presque systématiquement dans un mood euphorique).



  • Et... le meilleur pour la fin... Super teuf à la brigade car on a réussi à démanteler le réseau. Mise en scène à pleurer de rire ; le capitaine se tient debout devant la table réunissant le butin de leur prise, entouré par quelques pieds de cannabis, comme ça, pour ornementer. Plans enchaînés de rires, de bonheur, de fête.... ET BOOM. " 2 mois plus tard", encore une magnifique élipse qui nous emmène au temps où... Tout le monde se fait rattraper par l'IGN qui mène une enquête sur la pratique illégale des trois brigadiers. ------> PRISON : Civil se met à faire des pompes, Lellouche se pète les phalanges contre les portes tellement il devient fou et Leklou badine avec sa femme, à laquelle il balance avec légèreté que lui dans 10 ans il sera toujours là. Puis... un beau jour... Civil finit par dénoncer son indic' sous la "pression" du personnage de Leklou qui l'engage à agir pour ne pas laisser mourir Grégory Cerva. Youpi. Tout rentre dans l'ordre ; Antoine (civil) pleure en voyant son indic' menottée à un chauffage, Cerva, instantanément soulagé, se pose sur un banc accompagné de "The house of the rising sun", Yassine (Leklou) retrouve sa chérie et l'embrasse... Tout qui va bien dans le meilleur des mondes... Sidérant.

Clak8
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le 19 févr. 2022

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