Un inédit de Dennis Hopper, désavoué par son auteur, et qui connu les joies d’une diffusion télé à la fin des années 90 dans Hollywood Night sur TF1. Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Une trop belle cible
Anne Benton, jeune artiste de Los Angeles, est témoin d’un meurtre orchestré par la mafia. Très vite, elle se retrouve prise en chasse par des truands, dont Milo, un tueur sans pitié qui, contre toute attente, va tomber amoureux de sa cible…
Nanar quatre étoiles
La filmo du Dennis Hopper réalisateur est un territoire interlope. On peut y trouver du film culte précurseur (Easy Rider), de l’expérimentation hallucinogène (The Last Movie), des drames plus classiques (Out of the Blue, Colors) voire un néo film noir vraiment classe (The Hot Spot) et au milieu de ce joli programme, cet étrange Backtrack a.k.a Catchfire dont on ne sait même pas comment il s’appelle.
Se voulant un hommage aux films noirs des années 40, sorte de répétition générale avant le beaucoup plus réussi Hot Spot, le film pêche par son scénario et le sort qu’il réserve au personnage de Jodie Foster (dont le malaise est palpable), qui passe en quelque scènes de victime kidnappée et violée à celui de petite amie officielle de son ravisseur. Niveau syndrome de Stockholm, on est un peu au maximum ici. Ajoutez à ça un film qui ne pourrait pas être plus « fin des années 80 » même s’il le voulait : photo bleutée, costumes trop larges, des lofts, beaucoup d’art contemporain, et un fétichisme pour le saxophone, autant dans la bande son que dans la mise en scène.
Et pour finir, un casting surréaliste qui a bien exploité le carnet d’adresse du réalisateur : Joe Pesci, Dean Stockwell, John Turturro, Fred Ward, Vincent Price, Charlie Sheen et même Bob Dylan. Pas vraiment de cohérence ici, ils devaient juste tous être disponibles.
Le montage original faisant 180 minutes, il fût quasiment réduit de moitié par ses producteurs, provoquant la colère de Hopper qui signa le film Alan Smithee (pseudo utilisé par les réalisateurs hollywoodiens lorsqu’ils refusent la paternité de leurs films), version qui sortit en vidéo et fût même diffusée en France en deuxième partie de soirée le samedi sur TF1 dans la légendaire case Hollywood Night dévolue aux téléfilms érotico-nanardeux, sous le titre Une trop belle cible. Plus tard, Hopper devait le remonter pour y ajouter 16 minutes et livrer une director’s cut plus fluide et au scénario plus étoffé sans toutefois en faire un chef d’œuvre.