GO USA !!!
Bon, les cabotinages de Lawrence et Smith arrivent à surnager dans cet océan de grand n'importe quoi typique de Micheal Bay mais quand même... Que Micheal Bay aime les effets spéciaux et les caméras...
Par
le 2 nov. 2010
17 j'aime
Un des films les plus jouissivement débiles qu'il m'ait été donné de regarder.
Non pas que je sois particulièrement fan de Michael Bay, au contraire jusqu'alors: si No Pain No Gain fût une comédie hilarante où il fit preuve d'une auto-dérision surprenante, ses Transformers pompeux et emballés comme autant de chawarmas indigestes m'ont vite fatigué la rétine de l'ado que j'étais à l'époque. Quant à son sinistre CV de producteur, il se passe de commentaires: la mort du cinéma d'épouvante, c'est lui.
Esbroufe numérique poisseuse. Bande-son oscillant entre gangsta rap clinquant et big beat au kilomètre. Bienvenue au début des années 2000.
Bay est comme un gosse qui construit patiemment une maison en lego avant de tout détruire en faisant des bruits d'explosion avec sa bouche. Un buddy movie de 2h30 breum, une scène d'action de 15 minutes tous les quarts d'heure breum, avec ses sempiternelles voitures qui pètent, camions qui explosent et même un yacht lâché en roue libre sur l'asphalte breum ça n'arrête pas et tant pis si à la 20e minute on a déjà l'impression d'assister au climax d'un film d'action moyen. Chez Michael Bay, le champ-contrechamp c'est pour les pédés. Le film est haché comme une longue bande-annonce, et la moindre scène de dialogue nécessite la logistique d'un film de guerre. De temps à autre, une scène entière semble avoir été pensée et construite uniquement pour les besoins d'une obscénité zoophile, ou d'une vanne sur les problèmes d'érection de Martin Lawrence. Personne n'arrête Bay et ses caprices les plus régressifs. Rappelez-vous la baston aux pyramides d'Egypte juste pour montrer les "couilles" de Devastator, dans Transformers 2. Avec Bay, même un film devient un Grand Projet Inutile à lui tout seul.
Figures de style outrancières et contre-plongées sur des rangées de boules de bimbos en minijupe.
Ce portnawak misogyne et beauf-ricain atteint des sommets inégalables, et tant pis si j'ai l'impression de dire ça à chaque film de Michael Bay. Ici, les montagnes de pognon et les bimbos sculpturales se bousculent dans un même plan (dont une Megan Fox à seulement 15 ans, avis aux pedobears). Bay filme les meufs avec la subtilité d'un cameraman suintant de chez Brazzers, le seul personnage féminin à peu prêt réel est parfaitement inutile au scénario, cantonnée à un rôle de princesse Peach qui se fait ken par Will Smith, foire sa mission puis se fait kidnapper et libérer. Bay pousse le vice jusqu'à placer une bimbo siliconée fraîchement décédée parmi les macchabées bleuâtres qui parsèment une scène d'anthologie d'infiltration branquignole dans une morgue.
Tout le reste est à l'avenant. Les méchants mafieux en costard blanc, mâchonnant un énorme cigare en butant leur homme de main au premier mot de travers, tous droits sortis du meilleur du pire de Chuck Norris. L'humour constamment au raz des foufounes comme c'est à peine croyable. Le tout bien entendu étalonné à la va-comme-je-te-pousse, pour qu'on ait bien la sensation de mater un clip de NRJ12 sur la téloche pérave du kébabier du coin. C'est parfois vraiment navrant certes (la scène du magasin de télé est digne d'un mauvais Sacha Baron Cohen), mais non empreint d'une certaine grâce, par la complicité plus vraie que nature d'un duo d'acteurs sous speed, le charisme fuck-you attitude de Will Smith en particulier, un certain talent pour l'impro qu'il faut bien reconnaître et qui rend certaines scènes de comédie purement irrésistibles. Pour être clair, je ne pensais pas finir aussi hilare devant les péripéties de ces deux cons capables de s'engueuler pour le cul d'une meuf sous une pluie de balles à contresens sur la 4 voies.
Make Murricah great again, et tout ce genre de choses
Après avoir tout fait sauter pendant 2h, nous arrivons à un final absurde, où sur les 20 minutes qui reste à son métrage, Bay semble démarrer une nouvelle intrigue. Sous nos yeux ébahis, s'organise un kidnapping puis l'infiltration et l'assaut d'une villa de baron de la mafia, au nez et à la barbe de l'armée cubaine et des règles les plus élémentaires de l'écriture de scénario. Distorsion temporelle ou folie scénaristique, toujours est-il que ça se règle à grands coups de faux-raccords pas possibles et de bazooka dans la cuisine, de mexican-standoff dans un champ de mine et de course-poursuite de hummers à travers un bidonville. Genre comme ça, scrotch scrotch scrotch, une baraque après l'autre. Ca rappelle le très drôle Commando, cette absurdité musculeuse comme seules les années 80 en avaient le secret, avec ses cars entiers de méchants honduriens communistes climatisés à la sulfateuse par un Schwarzy veineux comme jamais.
C'est très con, mais c'est parfois (souvent?) très drôle si tant est qu'on a un minimum de sensibilité envers l'art délicat de l'humour gras comme un big mac, qui ferait passer Seth McFarlane pour du Bergman. On ne s'ennuie jamais vraiment, le comique de buddy-movie se mêlant aux scènes d'action bigger than life où on détruit une maison entière à coups de rafales, et vice-versa. Le tout aidé par un montage d'un portnawak absolu, bien entendu. Ya pas à dire, même Besson ne lui arrive pas à la cheville: sa série des Taxi d'une balourdise insoutenable a plus de lien de parenté avec un Gendarme de St-Tropez qu'avec la folie d'un Bad Boys II.
Et puis il y a cette ambivalence assez subtile finalement. Entre d'un côté le pur produit calibré comme un clip de Nicki Minaj, putassier comme pas permis, pensé pour flatter les bas instincts de collégiens rigolards fans de Pitof. Et de l'autre, un vrai côté trash et bas-les-couilles, réellement irrévérencieux -à défaut d'être subversif- devenu rare dans les grosses prods. Ici, dans ce gros film à 100 millions de dollars en l'an XIII avant Deadpool, on se balance des cadavres désartibulés à la tronche lors d'une course-poursuite contre un corbillard, comme dans la scène des citrouilles de La Grande Vadrouille. On met les deux pieds dans le plat et les deux mains dans les viscères, littéralement, les méchants planquent des sachets d'ecsta dans des estomacs de cadavres, débitent en morceau et dissolvent dans des bidons d'acide leurs rivaux comme dans Breaking Bad, il y a des blagues zoo et nécrophiles, Martin Lawrence foncedé à son insu fait des avances homo à son supérieur, les fusillades sont gorace, des types se font décapiter, exploser, passent sous des trains avec moult effets sonores adéquats, des bouts de corps volent dans tous les sens, le tout entrecoupé par les pitreries de Lawrence sur la psychanalyse et l'abattage catchy de Will Smith. Ca rajoute une certaine saveur à un bidule qui, dans le fond, est sans queue ni tête et écrit à grands coups de bifles sur son clavier.
Un film dégénéré. Puisse le peuple américain vivre encore longtemps pour fournir à l'histoire non-officielle du cinéma de tels chez-d'oeuvre de connerie. Wooozah.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films à regarder dans un état second
Créée
le 10 juil. 2019
Critique lue 621 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Bad Boys II
Bon, les cabotinages de Lawrence et Smith arrivent à surnager dans cet océan de grand n'importe quoi typique de Micheal Bay mais quand même... Que Micheal Bay aime les effets spéciaux et les caméras...
Par
le 2 nov. 2010
17 j'aime
Parlons de Michael Bay ! Ce réalisateur américain né en 1965 (oui je sais on est sur Sens Critique, pas Wikipédia) connu de tout le monde pour son amour des explosions. Mais connu ne veut pas...
Par
le 17 avr. 2020
13 j'aime
10
Bad Boys II par rapport à un premier film qui pouvait laisser sur sa faim fait sans doute dans la surenchère mais faut avouer ça fonctionne et c'est prenant. Passé les 20 premières minutes peu...
Par
le 10 oct. 2019
8 j'aime
Du même critique
Il est des succès inexplicables. René la Taupe ou Paranormal Activity, c'est du pareil au même. Un film d'épouvante qui ne fait pas peur, c'est comme une comédie pas drôle, un film de gangsters sans...
le 2 juin 2014
12 j'aime
Ah, Rohmer, sujet d'adoration par la critique depuis toujours, emblême de la lutte des artistes créateurs intimistes contre le cinéma soi-disant impersonnel et industriel des blockbusters forcément...
le 6 août 2014
11 j'aime
12
Peut-on vraiment encore faire des films Batman en 2022? La question se pose, tant cette dernière itération tourne à vide en se reposant sur les acquis, la surface et le vernis de cet univers pourtant...
le 21 mai 2022
10 j'aime
2