La filmographie de feu Joel Schumacher est exclusivement composée d’ersatz ou de suites plus ou moins réussis, attestant un geste cinématographique plus proche du « yes man » que de l’auteur. Filmographie inégale faite de succès – 8 Millimètres et ses airs de Seven, Génération Perdue et ses vampires en cuir, Veronica Guerin et ses airs d’Erin Brockovich, Chute Libre – et de plantages quasi intégraux – Le Nombre 23, Batman & Robin, Effraction.
Bad Company oscille entre ces deux catégories, empruntant aux uns l’énergie diffusée par un duo de tête on ne peut plus attachant, aux autres son scénario invraisemblable et sa réalisation hachée menue qui rend les scènes de course-poursuite et de combat aussi brouillonnes qu’illisibles. Surtout, le principal problème du long métrage est sa longueur démesurée pour une trame scénaristique minimale, contraignant l’action à se téléporter d’un pays à l’autre pour n’en explorer que les usines désaffectées ou les campagnes désertes. On ressent l’influence du producteur Jerry Bruckheimer, spécialisé dans les grosses productions avec grosses explosions et gros bras (Beverly Hills Cop, Bad Boys, The Rock, Con Air) qui ne sont pas réputées pour leur subtilité. Or, l’écriture d’un buddy movie exige une certaine finesse pour ciseler les personnages, qualité absente dudit film qui se contente de blagues lourdingues, de choc des cultures grossier, et colle les unes à la suite des autres sans les articuler ses séquences rythmées par la musique de Trevor Rabin.
Réalisé en 2002, Bad Company fait office d’archaïsme tout droit sorti des années 90, réussit en ce sens à emporter l’adhésion d’un spectateur heureux de retrouver là des codes aujourd’hui disparus ou transformés, mais déçu par l’incapacité du réalisateur à insuffler une âme à un produit industriel plutôt anecdotique.