Bad Guy est d'un point de vue qualitatif excellent mais reste néanmoins moins bon que L'île.
On connaît la qualité de la réalisation de Kim Ki-Duk et c'est une nouvelle fois le cas pour cette oeuvre. Toujours cette façon de filmer assez différente des autres. Elle se ressent énormément avec les scènes à travers les deux photos trouvées par la jeune fille. Mais également avec ce subtil jeu de miroir sans teint qui lie indéniablement les deux protagonistes du film.
L'une des autres grandes forces de Ki-Duk (et cela se confirme avec L'île), c'est qu'il parvient à nous faire aimer des voyous, des proxénètes, des assassins. Ainsi, on apprécie énormément le Bad Guy. Il fait pourtant les pires atrocités à la jeune fille malgré le fait qu'il l'aime. On a d'ailleurs droit à une interprétation très solide de la part de Cho Jae-Hyung. La plupart du temps son rôle est silencieux. Le réalisateur nous laisse croire que Han-Gi est muet. Jusqu'à la fin où on l'entend parler et qu'il souffre d'un problème de voix.
Ensuite, Ki-Duk met en confrontation deux personnages que tout oppose. L'un constitue la réussite sociale (jeune fille aux études, intelligente, cultivée et dont l'avenir professionnel semble rose, petit ami,...) et l'autre l'échec de cette société. L'homme voleur, ripoux, proxénète, assassin. Bref, le genre de personnes que l'étudiante ne côtoye pas. Les deux personnages vont apprendre à se connaître. L'homme épiera les moindres faits et gestes de la jeune fille. Il en tombe ainsi amoureux. La femme quand à elle déteste cet homme qui lui a ruiné sa vie. Et pourtant petit à petit s'installe une sorte de passion pour cet être. Leur destin semble être uni à travers le miroir sans teint.
Outre l'excellente prestation donc de Cho Jae-Hyung, Seo Won est toujours aussi impressionnante dans le rôle de la jeune étudiante. Tous les deux avaient joués dans L'île et avait déjà fait sensation dans ce film. Ils remettent le couvert pour cette oeuvre.
Le gros problème, c'est que Kim Ki-Duk commence à se répéter dans la manière d'aborder ses films. Il employe toujours la prostitution (avec, certes, des nuances pour chaque oeuvre) pour dépeindre le mal-être social de certaines personnes. Dommage car le reste est une grande réussite. Pas le meilleur film de Kim Ki-Duk mais probablement l'une de ses meilleures oeuvres.