Dans une situation très précaire, Iris apprend que son défunt père, avec qui elle n'entretenait plus de relation depuis des années, est décédé en faisant ce qui s'apparente à un numéro très dangereux de torche humaine en sous-sol.
Alors qu'elle se rend sur les lieux de sa mort, elle découvre que ce dernier lui a légué le pub aussi ancien que sinistre dont il était propriétaire ! Bien contente d'avoir un toit sous lequel dormir quelques temps (et les bouteilles qui vont avec), Iris est bien loin d'imaginer ce que cet héritage comprend en bonus: une chose séculaire qui se cache dans la cave, aux dons très particuliers et qui est désormais sous sa responsabilité...
Eh bien... Dans la catégorie petit-film-d'épouvante-sur-lequel-on- n'aurait-même-pas-misé-un-chewing-gum-à-demi-mâchouillé-mais-qui-surprend-agréablement, "Baghead" vient s'y faire une belle place ! Non pas que, bien sûr, le long-métrage d'Alberto Corredor (adapté de son propre court de 2017) bouleverse les codes du genre au point d'en devenir un titre-référence mais le film a le mérite d'avoir un concept fort et, surtout, de s'en servir avec une certaine malice en vue d'arriver à déjouer les attentes des spectateurs, et ce parfois même celles des regards les plus avisés.
Un concept que l'on pourrait d'ailleurs rapprocher de celui du très sympathique "La Main" par sa manière originale de permettre à ses protagonistes d'ouvrir une brèche sur le monde des morts via un "instrument" étonnant et s'accompagnant d'un ensemble de règles à respecter (dont un temps restreint stressant en commun) au risque d'être englouti dans les ténèbres induits par l'utilisation d'un tel outil. Certes, Alberto Corredor n'a peut-être pas le punch des frères Philippou derrière la caméra mais, en termes de séquences frissonnantes à livrer, il a suffisamment de maîtrise et la conscience du potentiel du pouvoir de fascination que possède son Baghead (réussi en termes de design qui plus est) pour faire de cette entité et de son mode opératoire très particulier un vecteur d'une tension redoutable par l'inattendu maléfique sur lequel chacune de ses apparitions peut en permanence déboucher. Et ça fonctionne à fond les cagoules sur la durée, où "Baghead" n'est quasiment jamais pris en défaut dès qu'il fait entrer sa créature éponyme en scène en trouvant toujours des portes de sortie alternatives inventives aux invocations et les conséquences funestes qui en découlent.
Néanmoins, un peu trop tiraillé entre quelques twists bien pensés, à la hauteur de sa proposition, et des virages scénaristiques beaucoup plus classiques (la remontée aux origines de la malédiction que l'on ressent un peu comme un passage obligé, Alberto Corredor semble d'ailleurs volontairement l'expédier), "Baghead" donne l'impression de faire par moment les montagnes russes parmi le meilleur de ce qu'il à offrir et une volonté de se raccrocher aux fondamentaux du genre -ce qu'il le conduit, comme on le disait, à avoir du mal à s'imposer comme une oeuvre majeure- mais il faut bien reconnaître que sa roublardise, au moins aussi importante que celle dont fait preuve Baghead, fait vraiment plaisir à voir et, sous fond d'un discours finalement assez désespéré sur l'impossibilité d'accepter un deuil (ou de tout simplement tourner la page) de ses personnages, assure un spectacle laissant toujours la part belle à son entité vedette. Et puis, il faut saluer la noirceur de la dernière partie, bien plus enthousiasmante et à rebours des canons de certaines productions aseptisées récentes.
On allait donc visionner "Baghead" en pensant assister à une énième teen-épouvanterie insipide que l'on aurait peut-être eu envie d'étouffer en lui mettant un sac sur la bobine et on s'est retrouvé devant une petite production d'épouvante anglaise plutôt bien troussée et pas avarde en rebondissements de surcroît. Tête de sac n'est définitivement pas une tête de noeud, on vous conseille de lui laisser sa chance.