"Je pense que nous n'avons plus besoin de médecin par ici"

Tiré d'une série de nouvelles écrites par Shōtarō Ikenami (1923-1990) auquel la Toei a voulu rendre hommage pour les 100 ans de sa naissance, déjà adaptée plusieurs fois au cinéma et à la télévision japonaise, où Ken Ogata et Ken Watanabe ont pu interpréter le rôle principal de Baian Fujieda, acupuncteur le jour et assassin la nuit.

Les 20 romans originaux, publiés ensuite en 7 tomes, constituent une matière suffisamment riche pour porter à l'écran ce personnage populaire et offrir un scénario complexe à Shunsaku Kawake, qui décidera de découper son film en deux parties d'environ deux heures chacune.

La production est vraiment soignée. Les décors d'époque sont particulièrement réussis grâce à une équipe de tournage qui a su utiliser un grand nombre de lieux historiques réels (une quinzaine de temples et de décors naturels inscrits au générique final) ainsi que les studios de la Shōchiku et de la Toei à Kyōto. Ce qui donne une très belle photographie et une immersion totale.

Du côté de la post-production en revanche, j'ai moins aimé certains ajouts superficiels comme la lune rouge dans la séquence d'introduction ou certains effets de lumière crépusculaire. Mais bon ce n'est pas une première dans le cinéma japonais et ce n'est en rien rédhibitoire.

Parlons maintenant de l'intrigue. Baian Fujieda fait partie de ces personnages de fiction issus de la littérature japonaise qui comme Zatoichi, Nemuri Kyōshirō ou encore Ogami Ittō (Baby Cart) deviendront extrêmement populaires à l'écran bien qu'ils sèment les cadavres tout au long de leurs aventures, ce qui devrait normalement plutôt interroger notre morale. Baian est un médecin (acupuncteur) de village qui soigne les pauvres de sa campagne. Il est aussi un "entrepreneur" (shikakenin), comprendre un tueur à gage qui reçoit des ordres d'assassiner des cibles sans poser de questions, ce qu'il fait à la perfection en utilisant sa connaissance des points vitaux chez l'homme et des techniques du ninjutsu.

Par un enchevêtrement d'assassinats, il va rencontrer des fantômes du passé et devra alors questionner sa morale de tueur et les ordres qu'il reçoit. En ce sens le scénario est plutôt habile et réserve quelques retournements de situations ainsi que des beaux moments de tension, dans les phases d'assassinat notamment -- un peu à la manière de ces jeux vidéos où vous incarnez un tueur qui doit réaliser sa mission subrepticement, mais aussi lorsque le tueur devient à son tour la proie.

Les 2h14 du film s'enchaînent très bien. Kawake mène bien son sujet et sait s'arrêter à temps avant que les écueils du cinéma moderne ne gâchent le plaisir du spectateur (abus de CGI, chorégraphies excessives, etc.) parvenant à un bon compromis entre le cinéma traditionnel et les attentes du public actuel. Et c'est ce que je retiens. Ce premier volet s'arrête sur un cliffhanger mais il faudra pour cela aller jusqu'au bout du générique de fin. J'ai assez hâte de voir la suite.

Yushima
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le 10 mars 2024

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