Quand la bagarre devient une corvée vite expédiée

Au-delà du cynisme mercantile, ce crossover a l'allure d'un mauvais devoir rendu par obligation par un studio qui ne voulait pas travailler. C'est simple : il n'y a rien à sauver.

De la même façon qu'un mauvais porno expédie son histoire comme une corvée pour en venir le plus vite possible à la baise, Baki vs Kengan fait de même pour en venir le plus vite possible à la baston. Certes, on s'y attendait tous, mais c'est tout de même décevant de se le voir confirmé.

Vous vouliez donc de la baston ; la réunion explosive entre deux univers ultra-violents ? un spectacle jouissif et cathartique avec des personnages qui se mettent des mandales atomiques ?

Oubliez tout ça. Car voici le second problème : pour qu'un combat dans un animé soit intéressant, il faut deux éléments : une bonne animation et une bonne chorégraphie. Il n'y a ni l'une ni l'autre. Le choix a été fait d'adopter l'animation rigide de Baki plutôt que la 3d nerveuse de Kengan. Il en résulte une quantité odieuse de plans fixes, mal dessinés, sans recherche et sans éclat.

Quant aux chorégraphies, elles sont tellement feignantes qu'on retrouve le même vulgaire échange de coups de poings en rafale dans les trois combats que compte l'animé.

Concernant l'issue du tournoi...

Une suite ? On nous la tease et on nous promet que cette fois, il y aura un vainqueur. En toute logique, après que Kengan ait été l'hôte de l'univers graphique ainsi que de l'arène souterraine de Baki, ce devrait être au tour de ce dernier de rendre visite à l'animation en 3d de Kengan. Mais est-ce compatible ?

Un problème de compatibilité graphique et de règles internes

Beaucoup de fans comparent ces deux univers à cause de leurs points communs que je ne vais pas énumérer ici. Mais quid des différences ?

Les deux univers ne suivent pas les mêmes règles :

Les personnages de Baki sont des hommes-élastiques qui peuvent se retrouver avec le visage déformé comme de la pâte à pain et dans la seconde qui suit, retrouver une face normale et continuer à se battre comme si de rien n'était.

Kengan utilise un semblant de rotoscopie pour obtenir des combats très dynamiques quand Baki prend le temps d'une pause explicative de 20 minutes entre chaque coup de poing pour économiser sur le travail d'animation.

Baki est réputé pour son caractère over-the-top particulièrement gamin et jouissif, avec des personnages presque invincibles à qui il ne faut qu'une bonne nuit de sommeil et un paracétamol pour guérir de blessures mortelles. Kengan est plus conventionnel de ce côté-ci, mais ses personnages emploient des techniques plus fantaisistes.

Ainsi, pour faire s'affronter ces deux licences, il faut obligatoirement lisser la puissance des personnages, soit en tirant vers le milieu, soit en amenant plus l'un vers l'autre. Et donc consentir à d'inévitables incohérences par rapport aux règles établies de deux univers confondus. Par conséquent, le débat visant à déterminer qui est le plus fort de Baki Hanma ou de Ohma Tokita ne trouvera logiquement jamais d'issue valable et n'aurait jamais dû sortir des discussions de fans.

Conclusion

Baki vs Kengan, comme beaucoup d'idées séduisantes sur le papier, aurait dû rester à l'état de chimère, pour que les fans puissent continuer à en débattre pour rigoler.

Cet animé ne ressemble même plus à un produit mercantile cynique, mais plutôt, comme je l'écrivais au départ, à un mauvais devoir rendu par contrainte par un studio qui ne voulait pas de ce projet et n'a fourni aucun effort.

Ce film a au moins une qualité : il ne dure qu'une petite heure et on peut le regarder en vitesse 1.5 sur Netlix. Il a donc la décence de ne nous voler que peu de temps, voilà pourquoi je lui concède 2 étoiles plutôt qu'une.