Balle Perdue dispose de trois qualités qui en justifient le visionnage et rattrapent un certain ventre mou à mi-parcours, donnant l’impression que les personnages piétinent jusqu’à s’enliser dans des situations téléphonées.
La première qualité est relative aux scènes de course-poursuite, vraiment impressionnantes, que le réalisateur sait filmer avec talent, que le monteur agence de telle sorte qu’elles demeurent lisibles en dépit de la rapidité générale. La rage au volant n’est pas sans rappeler l’univers dystopique de Mad Max, portée en outre par une musique qui utilise les percussions et l’électronique chers à un Junkie XL. La deuxième qualité est liée à l’intrigue, pleine de rebondissements, qui confère à l’ensemble des airs de polar à énigmes : nous sommes engagés dans une enquête policière au terme de laquelle sont démasqués les coupables, dont la finalité consiste à mettre la main sur la voiture de Charas, puisque la balle du ripou est logée dans son tableau de bord. Le long métrage prend la forme d’un jeu de pistes sanglant auquel nous jouons avec plaisir. La troisième qualité tient à l’interprétation des acteurs, tous très investis dans des rôles certes caricaturaux, mais aux exigences physiques importantes – voir à ce titre la séquence d’évasion du poste de police, petit morceau de bravoure en matière d’efficacité et de brutalité.
Balle perdue constitue donc une bonne surprise qui rappelle que le cinéma français sait encore filmer l’action, loin des effets numériques envahissants et d’un sur-découpage des plans que l’on trouve aujourd’hui en abondance dans les productions du genre.