Grand classique n°5 Bambi (1942)
Je viens de me prendre une claque alors que ce n'était absolument pas prévu... Tiendrais-je déjà mon chef-d’œuvre d'animation Disney... ?
Ce cinquième classique d'animation de la firme aux grandes oreilles est l'Histoire de la Vie condensée en un poème visuel d'1h10. Tout y est: la naissance, le réconfort maternel, la rencontre de ses amis, l'expérience de la mort, la joie, la peur, la rencontre de l'amour, la violence, la beauté, l'injustice... Malgré cette effervescence thématique, la narration reste d'une sobriété exemplaire. Les dialogues sont ciselés pour que le métrage ne devienne jamais bavard.
Certains animaux, comme le faon héros du film, peuvent sembler manquer de personnalité. Mais, en vérité, cela correspond parfaitement à la volonté naturaliste du métrage: plus que des toons, nous suivons la vie d'animaux. Idée géniale concomitante: faire de l'homme une menace invisible, un fantôme qui règne dans le hors-champs de la réalité. Sacralisation de notre propre espèce dans sa capacité à faire le mal. Bambi distille un discours écologique des dizaines d'années avant que cela ne devienne à la mode.
Les gags sont proposés avec une parcimonie exemplaire. Peu de chansons également. L'épure permet à la beauté brute de se soulever comme une vague, une tempête émotionnelle. La lenteur invite à la contemplation. Qui s'est jamais arrêté en pleine forêt pour goûter à l'immobilité vibrante saura de quoi je parle. Cependant, à l'instar de ce qui fut fait pour Fantasia, la musique participe pleinement à la narration, distillant des explosions de vie ou, au contraire, des menaces sourdes qui font tressaillir l'âme.
L'animation est d'une beauté à couper le souffle. Les dessins atteignent une perfection qui rend un hommage flamboyant aux puissances brutes de la nature. Tout est en place, rien de superflu, comme chaque écume de couleur sur le tableau d'un grand maitre.
Bambi n'est peut-être pas le divertissement le plus palpitant proposé par Disney... Il est malgré ça une source d'émerveillement, d'une justesse qui dépasse largement le récit pour enfants: c'est une pulsation universelle dont chaque battement vous garde enraciné dans le grand mystère de l'existence.