Quand les espagnols lorgnent du côté de Usual Suspects, ça donne un film relativement inégal, qui commence comme une série télé (genre Disturbios) et finit à la thriller hollywoodien, sans que cela parvienne réellement à convaincre. Et pourtant, ça n'est pas si mal, malgré une première heure assez pénible : des otages enfermés dans une petite agence bancaire en compagnie de deux braqueurs minables et excessivement nerveux. On a vu ça cent fois. On dresse la première oreille quand l'une des otages, dont on sait depuis le début qu'elle est dans une mouise épaisse, entreprend d'établir un dialogue codé avec les négociateurs qui attendent dehors. Je passe sur l'intuition invraisemblable du policier qui comprend d'instinct le code qu'elle va utiliser pour laisser filtrer des informations utiles depuis l'intérieur, et encore plus vite sur le second message qu'elle se donne la peine d'envoyer pour dire, en substance, qu'elle n'a rien à dire. La bonne idée n'est donc exploitée qu'à moitié. Et pendant ce temps-là, dans l'agence, les plans s'allongent inutilement, mettant les comédiens sur la sellette. Certains sont carrément à la peine, du coup, comme la psychopathe à l’œil blanc qui passe sont temps à grimacer et à brailler, la faute à un découpage poussif qui la laisse sur le grill même quand elle n'a rien de nouveau à raconter. Et tant que j'y suis à débiner le casting (avec toute l'indulgence que ce métier difficile mérite, malgré tout), je ne suis pas certaine que le choix de l'actrice principale, déjà subie dans le pourtant assez réussi Julieta d'Almodovar, serve vraiment l'histoire : pourquoi miser sur une actrice relativement inexpressive pour camper une femme au QI de 167 dont l'esprit galope tel l'éclair au devant des événements ? Ça aurait pu provoquer un clash dynamique, mais ça ne fait qu'accentuer le sentiment de décalage qu'on ressent entre les intentions de l'histoire et ce qu'on a devant les yeux. Bref, on se fait carrément suer. Jusqu'à ce qu'un retournement de situation bienvenu rebatte les cartes, enfin ! Le film démarre à ce moment-là seulement, grâce à l'influence tenace d'Hannibal Lecter, je vous laisse découvrir pourquoi. Et on revient à la toute première trame, cette fois enrichie par les épisodes du braquage. Mais ça peine à convaincre tant c'est invraisemblable et tiré par les cheveux. Admettons que les faits cinématographiques soient dispensés d'obéir aux lois du réel; ça ne rend toujours pas ce finale trépidant, comme il cherchait à l'être. En résumé, un petit film qui se suit mais qui ne laissera certainement pas une marque aussi indélébile que les modèles dont il se réclame.