Voici un prototype de western à vocation purement distrayante et dans lequel il ne faut pas chercher un quelconque message, phénomène relativement courant en cette fin d'années 60 après des années où le western a été mis un peu à toutes les sauces et exploité à outrance à Hollywood. L'exagération du western transalpin a porté un coup fatal au western hollywoodien dont la production n'a cessé de décroitre, faute de bons sujets et de lassitude auprès du public. Bandolero est donc à signaler car il fut l'un des derniers représentants d'un genre en voie de disparition, s'inscrivant parmi de bons westerns de cette fin de décennie, comme Hombre de Martin Ritt, Sept secondes en enfer de John Sturges, Pendez-les haut et court de Ted Post, ou encore les Chasseurs de scalps, les 100 fusils, 5 cartes à abattre et les Géants de l'Ouest qui sont tous des westerns classiques mais qui n'avaient pas pour objectif de faire trop réfléchir, à part peut-être Hombre, le plus travaillé.
Le film délaisse l'ambiance urbaine des saloons pour les grands espaces et propose une cavalcade très tonique et assez violente (retombées du western italien), avec de bonnes scènes d'action sur le double thème de la chasse à l'homme et du danger apache rôdant dans les montagnes, assorti d' un final sans concessions qui surprend. Les personnages sont décrits avec une grande justesse, et pour une fois, Raquel Welch ne joue pas que les ornements, tandis que James Stewart et Dean Martin mènent le bal et que George Kennedy incarne un sheriff opiniâtre. Le reste du casting est complété par une escouade de seconds rôles épatants comme Andrew Prine, Will Geer, Clint Ritchie, Denver Pyle, Harry Carey ou Perry Lopez... tous les ingrédients sont donc en place pour ce film tonitruant et non sans humour, bien orchestré par le vétéran Andrew McLaglen, dernier partisan du western fidèle aux traditions, car même dans les années 70, époque où le genre sera à l'agonie, il continuera à réaliser des westerns à l'ancienne (Chisum, les Cordes de la potence...), c'est d'ailleurs en partie pour ça qu'il sera décrié injustement.