Film phare de l'année 2023, énormément médiatisé et couplé avec Oppenheimer, ce film était attendu avec une excitation palpable pour certains, et avec un certain recul pour d'autres. Étant dans cette deuxième case, c'est avec déception que je suis sorti de la salle, et avec l'intention de rédiger ma première critique.
Barbie s'initialise dans le monde utopique des barbies, où tout est intentionnellement factice et superficiel. L'intrigue suit la Barbie jouée par Margot Robbie, et les Ken sont ainsi placés au second plan et sont présentés comme des abrutis essayant tous, avec peine, de séduire Barbie. Tout se passe bien jusqu'à une crise existentielle du personnage principal, qui se rend compte qu'elle est en train de perdre sa perfection féminine. Une quête dans le monde "réel" va ainsi débuter afin de fixer ces ennuis esthétiques.
Ceci étant dit, critiquons. La première partie du film est quelque peu originale, ambitieuse et ponctuée d'un humour parfois agréable. Une scène d'ouverture renvoyant au pilier 2001 L'odyssée de l'espace, des décors réussis, et une mise en scène qui nous intègre vite dans l'univers. J'ai envie de dire "et pourquoi pas ?".
Cependant voilà, la seconde partie du film est extrêmement décevante, que ce soit par sa longueur, par son humour, par sa façon d'aborder la place de l'homme et de la femme dans la société ou encore par sa fin. Le film se veut émettre une critique du patriarcat mais c'est fait avec une superficialité abominable, un manque de profondeur essoufflant et un manichéisme, certes sûrement voulu, mais qui ne marche pas : après avoir découvert le patriarcat (résumé à des voitures, des chevaux, des buildings, des costards et des bières) dans le monde réel, les Ken installent une société masculine où les femmes ne sont bonnes qu'à décapsuler les bières des mâles. Puis vient la reconquête féminine du pouvoir, mais encore une fois, c'est ridicule et cela ne fait que nous éloigner du message initial qui se veut être pourtant fort. On veut casser les stéréotypes, mais on en crée de nouveaux, on veut désinstaller les clichés sur les femmes en s'appuyant sur ceux des hommes, sans aucune nuances ni profondeur.
Non, le film n'est pas un film satyrique à prendre au quatrième degré, tout est bel et bien compté au premier degré, et artificiellement, comme si la réalisatrice voulait cocher toutes les cases du cahier des charges du film auto-dérisoire et messager de Mattel, souhaitant refaire bonne image après les nombreuses polémiques qu'il y a eu autour de l'industrie. Bref, le film est pauvre de tout.
Notons tout de même une prestation remarquable du duo Margot Robbie / Ryan Gosling qui se sont joliment investis dans leur rôles, des décors réussis, de gracieuses scènes chorégraphiques et une mise en scène loin d'être scandaleuse. Le tout donne 3/10.