Sang. Excréments. Boue. Graisse. Menstrues. Bleus. Sexe. Est-il vraiment nécessaire de rappeler qu'avant toute chose, Bas-Fonds est un film crasse, un film de monstres en marge baignant dans la sauce industrielle et la bave de molosse ? Certes non. Entre autres réjouissances, ces détails animent la relation curieuse qui noue deux soeurs bestiales à une troisième fille-objet, esclave hébétée de leur violence. Sans doute tout cela explique-t-il l'étrange distribution du film, exclusive et très prolongée.
Au fond riche d'une idée atypique, griffé jusqu'à la chair d'une brutalité ivre, Bas-Fonds aurait clairement pu toucher au génie ; si seulement Isild le Besco avait eu pour autre ambition que de flageller de la cellulite pour faire des vagues. Interrogée post-projection, la réalisatrice n'a fait qu'entériner tout sourire dehors le terrible pressentiment d'un ratage intellectuel, en bref d'un caprice conceptuel imbécile. Pourquoi bazarder des versets bibliques en voix off quand on pense que « faut croire en soi quand on se réveille le matin »? Pourquoi une conclusion judiciaire (type M le Maudit) quand « le film ne fait pas de politique »?
A défaut de psychologie, quand on décide de taper dans le tabloïd, la moindre des choses est de le faire avec conviction.