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Bas-Fonds
5.4
Bas-Fonds

Film de Isild Le Besco (2010)

Bas-fonds se résume d'abord à l'appréhension de passer une (petite) heure interminable de calvaire. Entre les ordres et autres chamailleries incompréhensibles servis à gorge déployée, les bouffes rituelles de Ravioli, les crasses baffrées en priorité par « la grosse », et les séquences porno refilées sur un vieux cathodique, c'est le ronron aliénant du quotidien qui les accable et nous fait chier à cent sous de l'heure.
Et après ça, c'est la transformation, pour ne pas dire la révélation, à l'instar d'un Huysmans qui passe à peu de choses près de la tentation de la bouche d'un flingue aux pieds de la croix. Sans savoir pourquoi, un casse qui tourne mal conduit la peuplade à fréquenter un peu plus les tréfonds. Après la misère culturelle, intellectuelle et sociale, ils connaissent la précarité des cellules grisâtres et nauséabondes, la privation des libertés, et le repli total sur soi les abrutissant toujours plus. Et pourtant... C'est à ce même moment que le propos prend une toute autre ampleur. Après les jérémiades, les défenses de territoire et la lutte pour le leadership qui sont la démonstration d'une recréation de micro-société primitive, les paroles d'évangile et les professions de foi leur succèdent et peuplent l'écran. Sans trop savoir pourquoi, encore, on s'embarque alors dans l'histoire pour en connaître le traitre mot de la fin. Et là, le bât blesse, l'heure et quelques de film ne m'a finalement pas parue si longue, et comble de tout : je reste pour dire sur ma faim...
Si le dernier Isild Le Besco a les défauts les plus répandus d'un court-métrage amateur, il paye au moins par la présence de Gustave Kervern, qui est comme la cerise gâtée sur le gâteau avarié gavé d'une chantilly périmée. Plus un essai qu'un grand film, Bas-fonds a le mérite de proposer autre chose, à défaut de proposer du nouveau dans un cinéma dont les formules sentent de plus en plus le rance. On l'oubliera vite pour ses qualités cinématographiques quasiment nulles, mais on le retiendra pour son ambiance égoïste et désinvolte pas si répandue que cela dans les rayons de la « grosse » distribution.
Adrast
5
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le 11 mars 2011

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Adrast

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