L'année 1992 accueille sur les écrans un thriller sulfureux où un flic à la vie personnelle tumultueuse va compromettre son enquête lorsque la principale suspecte, une femme vénéneuse et bisexuelle, va commencer à lui faire des avances. Le moins que l'on puisse dire, c'est l'irrévérencieux Paul Verhoeven était un choix idéal pour mettre en scène un tel film, son goût pour l'ultra-violence mêlé à la chair humide seyant parfaitement à ce thriller érotique qui fit l'effet d'une bombe à sa sortie, coiffant au poteau les habituels films policiers lambda avec un esthétisme glaçant, une mise en scène léchée et un casting au top pour un scénario malin où les faux-semblants vont autant faire tourner la tête de notre héros que la nôtre...


Jouant constamment sur l'ambiguïté sexuelle, que ce soit lors d'échanges inachevés, de dialogues tendancieux ou de regards provocateurs, Basic Instinct porte bien son nom : comme les personnages, le spectateur voit ses pulsions primaires renaître face à des séquences érotiques et sensuelles filmées avec autant de pudeur que de mystère. Dès le départ, tout laisse à croire que cette écrivaine intrigante est la coupable et pourtant, si l'évidence semble crever les yeux, Verhoeven nous déroute et laisse cette supposition en suspens grâce à une subtilité renversante.


Le réalisateur hollandais remplace donc l'ultra-violence graphique par une violence plus maîtrisée, plus lisse mais tout aussi érosive. À travers des séquences parfois brutales (le meurtre du début, la sodomie de Beth par Nick...), Verhoeven expose peu à peu la signification du titre de son film. Les scènes de sexe sont chorégraphiées au millimètre, donnant ainsi l'impression d'une danse sur oreiller, transcendées par nos deux acteurs principaux Michael Douglas dans l'un de ses meilleurs rôles, et Sharon Stone, qui retrouve le réalisateur après Total Recall.


Celle-ci est absolument sublime en suspect sexy et manipulatrice, tantôt froide comme la glace tantôt brûlante comme l'enfer. Au final, accompagné de plans mémoriaux à la Argento, de répliques cinglantes et de séquences cultes (celle de l'interrogatoire notamment), Basic Instinct est sans aucun doute l'œuvre la plus intrigante de son metteur en scène.

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8

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le 8 avr. 2019

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