Assurément, ce film de guerre n'est pas un chef d'œuvre visant à révolutionner pour l'éternité le genre.

Assurément ce "Bastogne" est un très bon film , mais surtout une plongée extrêmement intéressante dans un univers que l'on dépeint souvent de façon assez caricaturale avant que le Vietnam ne viennent bousculer les choses. Nous sommes à la fin des années 40, il n'est jamais pertinent de se couper de tout contexte historique, à fortiori pour le genre guerrier.

Bastogne c'est un Alamo dans la neige ; la guerre est perdue depuis longtemps pour les Nazis mais à la Noël 44 Hitler lance tout ce qu'il a sur le front ouest pour couper les alliés de leurs bases de ravitaillement, les rejeter à la mer puis tout basculer sur le front Est et écraser les Soviétiques. Oui, ce plan est audacieusement débile dans la mesure ou sa seule chance de réussite serait qu'il y ait un brouillard de 6 mois sur le front ouest pour empêcher les alliés de décoller (ils ont depuis longtemps la totale maîtrise des airs) et venir trucider les panzers, auquel viendrait s'ajouter une effondrement total des alliés qui oublieraient d'un seul coup que la guerre est gagnée et que seule une bête mourante et irrationnelle leur empêche encore de rentrer à la maison, il faudrait que l'essence allemande se démultiplie à l'infinie avec un code "Ctrl + console 2 - shift tapez add essence" bref, de la pure connerie. Au moins l'écrasement des dernières troupes de valeur a-t-il permis d'accélérer la chute finale du Reich et de sauver quelques malheureux de plus des camps. Au final, en dehors de la propagande nazie, il fait faire preuve d'une sacré naïveté pour croire qu'un retournement soit encore possible. A moi la chance d'avoir le recul historique ? Ma foi oui. Mais quand une industrie allemande parvient à peine à produire 1000 fois mois d'armement que ceux d'en face, et je reste large, on peut penser que ça a peu de chance de sourire à celui qui a des millions d'hommes aux portes d'un Reich fumant qui compte sur ces gosses de 16 ans et ses vieillards pour aller repousser l'ennemi, non ?

La Bataille des Ardennes de Ken Annakin avec son casting 3 étoiles (Henri Fonda + Robert Shaw - excellent SS - + Robert Ryan + Charles Bronson) a participé au mythe de cette bataille où tout restait possible. Pourtant, de film de 1965 empile les poncifs et les erreurs pou finalement se laisse regarder un après-midi comme un simple divertissement, très sympa, mais divertissement. Puis vint Band of Brothers, qui embarqua la 101è aéroportée dans un siège sanglant et dans un épisode 6 dantesque.

Mais avant, il y eu donc cette perle de 1949. Il semble, avec le recul, évident que la série cotée plus haut a été fortement impactée par Battleground, le titre originel. Assez vite, on comprend que derrière la volonté de rendre un vibrant hommage à ces paras qui ont tenu dans un siège très dur (je garderai le mot terrible pour Stalingrad ou Leningrad, les mots ont aussi un sens), le propos de William Wellman est de s'intéresser à l'homme de troupe, au troufion. Point de grandes scènes de guerre glorieuse, avec ses sacrifices, ces chars qu'on découpe à la mandoline. Là où "la Bataille des Ardennes" insiste lourdement sur le char allemand ULTIME de la MORT" qui doit tout changer (au passage il est excellent par son canon et son blindage, mais lent et ultra vorace, peu produit et, cerise sur le gâteau, largement connu des alliés en cette fin 44 - début 45), les combats se résument ici à quelques escarmouches, à des bombardements épars, puis violents, puis épars.

Tout tourne ainsi autour du quotidien d'une troupe qui a froid, qui fait des blagues foireuses pour tenir, qui attend le ravitaillement, qui cherche un ennemi qui se cache, qui porte parfois les mêmes uniformes. On s'attache à ce soldat qui fait tout pour pouvoir conserve une chance de prendre enfin son omelette. On a faim avec eux, on creuse des misérables trous à leurs côtés. Défilent ainsi une galerie de personnages rare, touchante. Point de tête d'affiche, de star clinquante, mais de simple bons acteurs, vrais dans leurs jeux et les émotions qu'il suscitent. Le film illustre un quotidien souvent chiant, où il ne se passe pas grand chose. Comme dans Das Boot, le danger est toujours là, prégnant, mais il frappe rarement. A la guerre, on passe surtout son temps à attendre quelle arrive. Et ici, dans le froid, il arrive que cette attente vous fige dans les bras mortels de Niflheim.

Quelques images d'archives viennent, de temps à autre, alimenter le BG guerrier, ce qui tranche avec des décors qui ont parfois mal vieilli. Il y a bien un côté très gentil avec cette pauvre mère, désirable à souhait, un côté très lisse quant aux rapports entretenus avec elle. Assurément, "The story of GI Joe" - Forçats de la Gloire - est un poil au-dessus, mais il y a aussi Mitchum, ce qui ne doit pas occulter l'évidence : ce Bastogne n'est pas un banal film de guerre. Cette galerie de portraits mérite largement qu'on lui accorde deux petites heures.
Aqualudo
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le 28 nov. 2013

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