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Quel gâchis. Non pas parce que c'est mauvais ! Seulement la réaction du public à l'époque ça aurait du être quoi ? « Un long-métrage au cinéma tiré de la série animée de 92 ? Où est-ce que je signe ? » Et pourtant, ça a été un échec au box-office, la faute semble t-il à une campagne de pub trop faible. Sorti entre les films de Burton et ceux de Schumacher, on est plus proche de l’univers sombre et froid du premier que de l’univers flashy et stupide du second. Comme dans le dessin-animé télé. Et oui, concrètement, ce dessin animé était plus sérieux que les 2 films à venir.

Des membres de la pègre de Gotham se font éliminer par un mystérieux personnage « The Phantasm ». Dans un épisode de 20 minutes, Batman mènerait sans doute une enquête classique pour le retrouver et l’arrêterait suite à une confrontation finale, mais ici, plusieurs sous-intrigues se mêlent très habilement. Tout d’abord les habitants de Gotham croient Batman responsable de ces meurtres. Les mafieux que le Phantasm n’a pas encore éliminés, menacés, organisent leur riposte. Mais surtout, on a le droit à l’histoire des origines, j’en reparlerai.

On a donc la même qualité scénaristique que la série mais en plus ambitieux. Et le budget plus conséquent amène des atouts supplémentaires. Tout d’abord une image plus fluide. Des immeubles CGI au générique. Et un thème qui ne pourrait pas être plus envoutant. Au générique, dans une atmosphère gothique, des chœurs semblent nous raconter une histoire tragique. Pour être plongé dans le film vite fait, c’est idéal. Le film est bien sûr doté d’un casting vocal de qualité, en VO comme en VF. Le même que dans la série, ce qui est très appréciable.

Donc ce film offre ce que la série a passé sous silence, de même que les films de Batman avant ceux de Nolan : L’histoire complète des origines. Jusqu’ici on savait certes que ses parents s’étaient fait flinguer et qu’il avait décidé de combattre le crime, mais jamais comment ça avait commencé. Ce film nous l’offre et il le fait très bien. Alors qu’Andréa Beaumont, une ancienne conquête de Bruce, est de retour en ville, Bruce a des flashbacks de leur rencontre, survenue à la même époque où il a enfilé son costume pour la première fois. Cette intrigue sera l’occasion d’apprendre à mieux cerner la personnalité de Bruce Wayne.

Parlons des méchants, et notamment du Phantasm. Une voix caverneuse, un costume qui évoque la mort, il glisse plus qu’il ne marche, en bref, il a la classe. Mon seul souci sera la fumée qu’il utilise. Elle lui permet de disparaitre où bon lui semble. C’est cool mais ça n’est pas clair pour autant, Batman évoquera brièvement un composé chimique mais ça reste flou et peut-être un peu trop surnaturel pour du Batman, qui dans une certaine mesure reste... modérément réaliste. Mais bon, rien qui ne gâche le personnage. Le Joker sera de la partie, aussi dingue et azimuté que d’habitude, magistralement interprété par Pierre Hatet en VF et Mark Hamill en VO.

Le passage au grand écran permet également d’orienter ce film vers un public un peu plus âgé : C’est plus violent, on se permet même de montrer un cadavre au look peu reluisant, le langage est plus relâché, la relation amoureuse entre Bruce et Andréa est plus profonde. Et c’est drôle, mais je ne suis pas sûr que la série ait jamais montré de sang, or ici, c’est le cas à quelques reprises. Et globalement le ton n’a jamais été aussi noir. Enfin, tout est relatif : Il y a seulement 5 scènes qui se passent dans un cimetière. L’ambition se sent également jusque dans les scènes d’action, dont une grandiose où Batman est pourchassé par une immense vague de policiers. Grisant.

Au rang des défauts, outre celui déjà cité, j’évoquerai un twist final peut-être un peu téléphoné mais c’est du chipotage. Mask of the Phantasm nous offre une histoire non linéaire mais parfaitement orchestrée, il nous permet de voir les débuts de Batman mais aussi de constater ce que Bruce aurait pu devenir en faisant certains mauvais choix. Les dialogues sont brillants, qu’ils soient sérieux ou humoristiques. Les méchants sont cools, le look global est cool, la musique est cool. Que dire de plus ? Si vous aimez Batman, foncez.