Diffusée entre 1999 et 2001, la série animée Batman Beyond aura eu droit à son propre long-métrage en 2000 sous la direction de Curt Geda, mais pour une exploitation en vidéo. Malgré de très bonnes critiques, le film se verra outrageusement censuré, les producteurs atténuant la violence des combats et surtout, modifiant totalement certaines séquences jugés limites pour un jeune public. Une version uncut verra heureusement le jour en 2002 (mais non exploitée en France), rendant enfin tout son intérêt à un long-métrage mutilé.
Dans un premier temps, Return of the Joker ne semble pas aller plus loin qu'un simple épisode que l'on aurait étiré, conservant quelques défauts de la série initiale, à commencer par une poignée de personnages secondaires inutiles, notamment l'entourage du héros. Bien que tout à fait satisfaisante, l'animation traduit également les limites budgétaires d'un produit destiné au marché de la vidéo.
Mais à partir d'un flashback extrêmement sombre et amer, mettant en lumière un passé trouble bien décidé à ressurgir, Return of the Joker trouve tout son sens, toute sa dimension tragique et son ton adulte. Les auteurs en profitent pour jouer avec l'aura de leurs héros et de s'attarder sur leurs failles et leurs faiblesses, surtout lorsqu'un vieil ennemi revient d'entre les morts pour régler ses comptes.
Bien qu'imparfait, le film de Curt Geda étonne par la violence sous-jacente de certaines séquences, et conserve le dynamisme des combats qui faisait le sel d'une série intéressante mais qui avait le cul entre deux chaises. Ce défaut est ici atténué, le récit allant directement à l'essentiel jusqu'à une révélation finale étonnante et amère, bien qu'un brin exagérée. Elle permet cependant de conclure sur un ton plus nostalgique une belle aventure, et peut-être d'en démarrer une nouvelle.
Je ne pourrais que vous conseiller de vous tourner vers l'import pour vous procurer le montage intégral de Return of the Joker, la version disponible chez nous étant celle censurée. Inutile de préciser qu'elle n'est que le reflet absurdement défiguré d'un long-métrage pensé avant tout pour un public plus adulte.
Petite comparaison pour vous faire une idée du massacre:
http://www.movie-censorship.com/report.php?ID=2541036