/!\ Attention spoiler /!\
Retour aux années 60
Batman : Le Retour des justiciers masqués fait en tout point honneur aux films de ces années-là. Costumes en lycra faits par mémé, accessoires ultra kitch, voix de nobles de l'Ancien régime, ennemis totalement décalés aussi ridicules que les héros censés incarner la justice et la loi. Sur ce point, c'est un parcours sans faute et ça nous rappelle une période oubliée de la saga Batman - tant mieux c'est loin d'être la meilleure.
Les dessins sont à la fois de qualité et classiques, les couleurs sont belles. Ce n'est pas mon style préféré, mais il plaira sans doute au plus grand nombre. L'aspect "BD", aussi présent, donne un côté amusant et insolite à cette aventure.
Vite! Sors-moi la Bat-aspirine!
Quand je disais que ce film "faisait honneur à ceux de cette période", il l'est aussi dans ses très nombreux défauts.
Qui voudrait actuellement d'un Batman avec une voix de snobinard et son costume à trois francs six sous (comptons en francs pour faire aussi rétro!)? Non franchement c'est tellement insupportable, j'ai l'impression d'être à la cour de Versailles - 'manque plus que la perruque poudrée et les chaussures à talon - ! Impossible pour de réels criminels de prendre au sérieux ces clowns de carnaval, mais en même temps leurs ennemis jurés sont de la même trempe alors je suppose qu'ils doivent avoir une once de crédibilité dans cet univers...
Les expressions et remarques démodées sont sympa et drôles les...cinq premières minutes seulement. Comme cet opus en est rempli (je dirais même totalement saturé), le côté "années 60" est très vite estompé voire annihilé par la volonté des auteurs d'en faire trop.
Et par pitié, arrêtez s'il-vous-plaît de dire "bat" à chaque chose que vous prenez bon sang!
"batzooka" (le pire mot qu'ils aient trouvé!), "batsignal", "batcave", "bat-réacteur atomique" (sur une voiture??), "bat-analyzer", "bat-compte-à-rebours", "bat-radar", "bat-gaz assommeur", "bat-gaz réveilleur", "bat-menottes", "bat-clé surprise", "bat-bombe", "bat-bouclier", "bat-émetteur explosif", "bat-bouclier réchauffant", "bat-antidote", "bat-anti-anti antidote", "bat-hélico portable", "batarang explosifs".
Ca suffit! Vous me faites bat-chier!
Quant à l'histoire...qui la comprend honnêtement? Elle est totalement psychédélique, produite par des scénaristes drogués jusqu'à l'os! Les différents passages-clés du récit (en gros les moments de bagarre et courses-poursuites) sont reliés entre eux par des indices tellement tirés par les cheveux que Sherlock Holmes lui-même en aurait les cheveux blancs.
D'ailleurs je n'en comprends pas la moitié pour être tout à fait franc et comme c'est fait dans la précipitation je suis sûr que les spectateurs n'ont rien capté non plus...C'est du genre: "Alors oui ils ont laissé un chewing-gum et une pile de montre. Et qui dit chewing-gum dit gaz donc montgolfière!...j'ai compris Robin, ils veulent utiliser ce moyen de transport pour cambrioler les horlogeries de la ville!".
Je passe les trucs débiles du type "délier ses liens avec une tarte au citron", la fusée énorme qui décolle de sa propriété sans que personne ne se pose de question ou sache directement qui il est (y'a une énorme chauve-souris dessus hein!!), le "réacteur nucléaire" dans sa cave (...non t'es sérieux là?!! C'est n'importe quoi!), le rôle inexistant des policiers qui "font partie du mobilier" au vu de leur incroyable immobilisme et passivité - il n'existe, semble-t-il, aucun flic dans la ville à part dans le bureau du commissaire! -, etc.
Oui je sais, ça fait sans doute partie de cet univers drôle et décalé de ce Batman. Néanmoins, toutes ces tares rendent l'histoire pesante à tout point de vue (blagues lourdingues, incohérences, improbabilité des personnages, déductions quasi-improbables, etc.) et m'ont donné un bon bat-maldecrâne - désolé, j'étais obligé de la faire celle-la! -.
Cela donne donc, en définitive, un scénario alambiqué et difficile à suivre. C'est particulièrement idiot étant donné le potentiel du sujet et de la période qu'il incarne...