Comment adapter ce qui est considéré comme l’un des meilleurs arcs de l’histoire du Chevalier Noir, si ce n’est le meilleur ? Le choix de découper en deux parties était sans doute une bonne idée, mais cela ne m’empêchait pas d’être un peu sceptique compte tenu du fait que j’avais été très déçu par l’adaptation de Silence, pour ne pas dire insulté.
Heureusement, cette fois-ci, ça tape dans le mille. Alors si ce n’est peut-être pas aussi puissant que le matériel original et que ça prend plusieurs libertés scénaristiques qui tuent la possible suite dans l’œuf ; le résultat final n’en reste pas moins plutôt solide et assez cohérent avec l’esprit de l’histoire. On retrouve ce côté film noir/polar, cette intrigue à énigme avec un tueur qui échappe à la mafia et la police, et puis bien sûr un Batman en pleine formation, encore jeune, qui tâtonne, essaye de s’adapter au changement qui affecte Gotham. La première partie me paraîtra plus intéressante et efficace, notamment par rapport à la deuxième qui prend beaucoup plus de liberté et donc la conclusion casse un peu toute la saveur de ce qui faisait le comicbook original.
Notamment au niveau de l’incertitude autour de Holiday et de ses réelles motivations (là où pour le coup, dans les films, on devine très vite les enjeux et les motivations sont assez basiques, en fin de compte). En dehors de ces quelques changements majeurs, mais qui pour le coup ne changent pas forcément l’intrigue du tout au tout, le reste demeure assez fidèle à l’histoire de Jeph Loeb, avec les principaux chapitres présents. Il y a quelques raccourcis ici et là, pour éviter une forme de redondance mais aussi trop s’éparpiller, mais là aussi, ça n’entache pas vraiment la structure globale, on reste dans le domaine d’une bonne adaptation.
Un peu moins convaincu des dessins, qui reprennent la même approche que sur les précédents OAV et dont je ne suis toujours pas fan (même si ici, la découpe des personnages et des décors m’a paru moins « cheap »). Au-delà de ça, j’aurais bien aimé retrouver cette ambiance créée par Tim Sale, que ce soit avec la lumière ou le design des personnages qui pour le coup m’ont paru très neutres ou lisses par moment. C’est un peu dommage. La musique accompagne plutôt bien l’ensemble, même si ça reste plutôt classique. Les doublages fonctionnent bien : Jensen Ackles et Josh Duammel sont plutôt crédibles dans les rôles de Batman et Harvey, la regrettée Naya Riveira apporte ce qu’il faut à Selina. La réalisation reste assez classique aussi, mais se permet quelques scènes très sympa et l’action reste bien fluide.
Bref, pas de déception, même s’il aurait sans doute pu être meilleur. L’adaptation est plutôt réussie et permet une bonne introduction à cette histoire fondatrice et lui reste fidèle dans l’esprit, ce qui est le plus important. J’ai bien apprécié et m’y replongerai sans doute volontiers à l’avenir. Peut-être un peu déçu qu’on ne verra sans doute pas Amère victoire du coup.