Suite spirituelle de Man Of Steel et par conséquent le 2ème film du DC Extended Universe, voici mon avis sur la version Blu-Ray Ultimate Edition de Batman V Superman : L’Aube de la Justice par Zack Snyder. Préparant le terrain pour l’avènement de la Justice League au cinéma en 2017, à l’instar des Avengers de Marvel, je vais décortiquer ce « Choc des Titans » victime d’un bashing sans commune mesure dans l’histoire des films de super-héros. Mais cette levée de boucliers est-elle justifiée ?
Esthétique
À la fois visuellement et en terme de mise en scène, ça dépote pas mal. Les 20 premières minutes du film annoncent déjà le ton avec 2 séquences clés. D’abord l’intro, avec le flashback tragique du jeune Bruce Wayne. Qui même si je trouve qu’on en a pas mal bouffé dans les anciens Batman au ciné, séries TV, dessins animés et j’en passe, reste esthétiquement très réussie.
Et ensuite, toute la scène vue dans les trailers, faisant la connexion avec MoS avec la
quasi-destruction de la ville de Metropolis
durant l’affrontement entre le
Général Zod et
Superman. Impressionnante en termes de rendu et d’intensité. Et le fait d'observer ce combat d’un point de vue humain, celui d’un
Bruce complètement désemparé et impuissant, rend la scène définitivement marquante.
Plus loin dans le film se déroule ce qui est pour moi une des meilleurs scènes de BvS. Quand
Batman affronte à lui tout seul, toute une horde de mercenaires
dans un décor post-apocalyptique rappelant
Mad Max : Fury Road. On n’a rarement, peut-être même jamais vu le chevalier noir aussi puissant dans ce film qu’auparavant. Presque comme dans la série de jeux vidéo
Arkham par le studio
Rocksteady. C’est à partir de ce moment-là que j’ai définitivement validé
Ben Affleck en tant que tel.
Les exemples visuels sont nombreux, mais ceux-là m'ont bien plus marqué.
Scénario
C’est mitigé. Car il y a à la fois de bonnes idées comme des complètement maladroites. Toutefois l’Ultimate Edition rehausse un peu le tout en apportant 30 minutes supplémentaires d'éléments cruciaux absents de la version ciné. Avec des personnages principaux comme secondaires bien plus mis en avant, voire inédits. Comme Jenet Klyburn incarnée par Jena Malone, personnage exclusif à cette version et qui sera d'une aide précieuse pour Lois Lane. Ces ajouts bien qu'ils n'aient pas changé mon avis global sur la version vue au cinéma, rendent le film déjà bien plus regardable.
Par contre ce que je ne valide pas, c'est que ce schéma risque de se répéter à l'avenir. Suicide Squad, film sorti en Août 2015 et lui aussi intégré dans le DCU aura également droit à une "version longue"... À croire que la Warner le fait vraiment exprès de sortir des films en kit. Autant ne plus aller au ciné dans ce cas-là non ?
Bref. Parmi ce que j’ai pas trop aimé, c’est que le fameux combat pour lequel le film nous est vendu, ne dure même pas un quart d’heure montre en main. Ok durant une bonne partie du film, une forte tension s’installe entre ces 2 colosses, et ce choc des titans est très bien mis en scène. Mais pour un film qui se nomme Batman “Versus” Superman, c’est non. Autant l’appeler “Justice League le commencement” tout court. Un titre plus approprié à mon sens vu la masse de protagonistes issus de cet univers qui apparaissent très (très) brièvement. J’y reviendrais dans la partie personnages.
Le fameux retournement de situation engendré par cette révélation commune aux deux super héros est à mon sens, logique. Même si ça arrive comme un cheveu sur la soupe. Et le pire c'est qu'il a son propre nom, le MarthaGate. Une situation très semblable à une scène clé de Civil War sorti 1 mois plus tard...
Comme dit plus haut, le film se construit au départ à partir des événements apocalyptiques de Metropolis, qui tente tant bien que mal de s’en relever. Événements dont l’homme d’acier est tenu comme unique responsable malgré lui, et malgré son indiscutable bonne volonté.
À partir de là, deux camps se forment au sein de la population. Ceux qui lui vouent un culte, le considérant comme un sauveur, un Dieu bienfaiteur. Et les antis, le pointant du doigt comme un imposteur “False God”, convaincus qu’il pourrait détruire le monde à tout moment. Là tout de suite, on peut faire le parallèle avec la religion, avec ce culte de la personnalité, représenté par la statue à son effigie. D’autres thématiques viennent s’entremêler, comme l’immigration, car on parle d’un être venu de l’espace, et le racisme. Et Superman va en prendre plein la poire à ce niveau-là.
C’est un aspect du scénario que j’ai vraiment trouvé intéressant. Car il remet en question la place du super héros dans la société et le danger qu’il peut représenter. Et c’est là qu’on prend conscience que “gentil” ou “méchant”, tout dépend du point de vue de chacun en fin de compte.
Par moment, BvS se la joue Inception, avec Bruce Wayne et ses rêves imbriqués dans d'autres rêves. Une mise en abîme qui en dit long sur sa vision du monde, et de Superman lui-même. Qu'il craint visiblement au plus profond de son être malgré son envie "de le faire saigner". Des rêves peut être prémonitoires, que les prochains films de la Justice League confirmeront, ou pas.
Finalement pour développer tout ça, l'intrigue prend fatalement beaucoup de temps à tout mettre en place avant le début des hostilités.
Distribution
La prestation globale est à la fois un des gros points forts du film, comme une de ses plus grandes faiblesses selon les acteurs.
À commencer par celui que tout le monde attendait au tournant, le Batfleck. Qui a eu la lourde tâche de succéder au très convaincant Christian Bale de la trilogie Batman par Christopher Nolan (2008-2012), et force est de constater qu'il a les épaules suffisamment larges (littéralement) pour porter ce flambeau. Si j’en crois sa prise de masse musculaire et les efforts physiques que l'oncle Ben a fourni pour endosser ce rôle au mieux.
Mais au-delà de la carrure et de la performance physique, on a affaire à un Batman convaincant. Un super héros crédible qui nous font définitivement oublier l’accident de parcours qu’était le film Daredevil. Tranchant radicalement avec celui de Nolan pour visiblement se rapprocher un peu plus des comics. Notamment le bouquin intitulé La Cour des Hiboux de Scott Snyder (n'y voyez aucun lien de parenté entre ces 2 auteurs, simple coïncidence). Avec un héros plus sombre, vieillissant, tourmenté psychologiquement et usé de son combat contre la justice durant plusieurs décennies. Mais beaucoup plus brutal. Voire létal. En définitive, un héros à l'image de la dangerosité de Gotham.
Son costume lui aussi est plutôt réussi. Tout comme sa version “armure”, indispensable contre “l’homme de fer”. Idem pour la Batmobile, qui ferait même rougir de honte un char d'assaut. Il forme d’ailleurs un très bon duo avec Jeremy Irons dans le rôle de ce bon vieux Alfred qui nous avait pas habitué à autant de cynisme.
Vient ensuite Henry Carvill qui incarne à nouveau le tout premier super héros de l’histoire pour la 2ème fois au cinéma, encore une fois avec brio. Qui a pas mal évolué depuis MoS (et pas qu'en masse musculaire, lui aussi).
Évolution par rapport à ses pouvoirs d'abord. Qu'il maîtrise davantage que dans son propre film et qu'il sait utiliser au moment opportun. Notamment sa Super Ouïe qui lui sera bien pratique. Mais paradoxalement, c'est un Superman plus fragile et quasiment seul contre tous que nous présente Snyder. À cause de ses Super Doutes et ses Super Problèmes.
Il ira même jusqu'à se remettre en question sur son rôle. Sauver du monde certes, mais pour recevoir quoi en retour ? Les cris de colère des habitants de Metropolis, dont il devra assumer les conséquences de ses actes malgré lui. Non seulement celui impliquant son combat contre le Général Zod, mais aussi un autre. Inattendu et dramatique. Marquant un tournant dans le film et que l'on doit au personnage qui suit.
Ce personnage ne pouvait être que Lex Luthor. Méchant iconique de la saga incarné par Jesse Einserberg lui aussi très attendu au tournant.
Sauf que je ne suis
pas aussi enthousiaste à l'égard de Lex que je ne l'étais pour Bruce Wayne
. Ca n'engage que moi mais vu comme tel, il n'a rien de "menaçant" au premier égard. Et en plus de ça (et même si c'est voulu), il cabotine pas mal et demeure très caricatural. Et ce n'est pas la version VF vue au ciné la première fois qui allait aider à me faire apprécier le personnage. Par ce que doubler quelqu'un qui surjoue déjà beaucoup, surtout dans un film aussi sérieux que celui-ci, ça laisse des traces. Pour le coup ça passe franchement mieux en VO.
Mais ne dit-on pas qu'il vaut mieux juger les gens non pas sur ce qu'ils laissent paraître, mais plutôt sur ce qu'ils laissent transparaître ? Par ce que malgré la tentation de ne pas vouloir le prendre au sérieux, sous-estimer cet individu équivaudrait à un aller simple pour l'au-delà. Calculateur et extrêmement dangereux il n’hésitera pas à user de tous les moyens nécessaires, même les pires, afin d’accomplir ses objectifs. Même si cela implique des innocents. Comme cette fameuse "scène" au Capitole. Il jouera aussi un rôle central dans ce choc des titans, et pas que.
Pour le coup, on est beaucoup plus proche d'un "Joker" qu'autre chose.
Plusieurs autres super héros font une (trop) brève apparition. Qui sont The Flash, Cyborg et Aquaman avec un temps de présence qui ne doit pas dépasser la minute dans BvS. Et je n'exagère même pas. D'autant plus qu'à part pour faire office de figuration, leurs scènes ne servent à rien. Les enlever du film n'aurait aucune incidence sur le scénario. Exception faite de Wonder Woman, aka Diana Price jouée par Gal Gadot. Une mystérieuse guerrière amazone qui n’a visiblement peur de rien.
Bien qu'elle ait un temps d'apparition moindre que Batman et Superman, et qu'elle n'est pas directement impliqué dans leur querelle, elle sera d'une aide cruciale lors du combat final. Et comme je l'ai écrit plus haut dans ma critique, Diana aura son propre film en 2017. Le fait que Diana ait eue son propre film en 2017, explique pourquoi on en apprend si peu sur elle dans BvS. Je le redis encore une fois mais DC aurait beaucoup gagné à d'abord introduire ses héros avant ce film.
Et je vais finir avec Amy Adams qui joue le personnage de Lois Lane, et qui m'a beaucoup déçu. Alors oui elle sert de soutien moral à Clark Kent, mais à côté de ça ce n'est pas glorieux. Non seulement elle représente le cliché de la demoiselle en détresse qu'on doit secourir presque tout le temps, et en plus de cela elle fait des choses incohérentes. Comme jeter un objet clé du film dans la flotte pour le récupérer quelques minutes plus tard, et non sans mal...
Bande Son
Alors que Hans Zimmer s'était chargé lui-même de la Bande Originale de MoS, il sera accompagné cette fois de Junkie XL. De son vrai nom Tom Holkenborg, c'est un compositeur néerlandais qui a déjà composé pour Snyder auparavant. Comme dans 300 pour ne citer que lui. Concernant Hans, j'ai de base beaucoup d'admiration pour son travail. On saluera le fait que c'est musicalement très différent de la trilogie de Nolan pour laquelle il avait déjà composé. D'ailleurs, il a annoncé après ce film que ce serait sa dernière contribution pour un film de super héros.
Mais ici à part 2-3 thèmes, dont
celui de Wonder Woman qui est mon coup de cœur perso
et celui de
Superman joué à un moment clé de l'histoire (scène magnifique au passage), je m'attendais à mieux. Pourtant la combinaison des deux donne des thèmes parfois assez Rock'n Roll, parfois plus orchestral. Ce qui colle très bien au ton du film par moments.
Conclusion
Ce film ne mérite bien évidemment pas le tollé qu'il a subi avant et après sa sortie en salles. Je respecte totalement le fait qu'on puisse l'apprécier ou le détester selon les attentes de chacun, et qu'on se le dise, Batman V Superman est loin d'être parfait. Beaucoup de persos pas assez exploités, un scénario inégal avec des incohérences (même si certaines sont corrigés avec la version Ultimate), un "Versus" surmédiatisé pour pas grand-chose à l'écran, et j'en passe. Mais est-ce une raison pour aller aussi loin dans cette discorde ?
Ce n'est pas comme si ce film était dénué de qualités. La bande son est correcte. Le nouveau Batman est une réussite totale, tout comme l'esthétique et la mise en scène très soignés En plus de cela il soulève tout en illustrant très bien la problématique sur le danger que peuvent représenter les super héros dans une société moderne. Même son atmosphère sombre, trop sérieuse pour certains, lui confère une réelle identité je trouve. Identité qui a l'air de se perdre quand je vois l'orientation plus axée "humour" du futur film sur la Justice League...
Mais depuis le temps que l’on rêvait de voir ce choc des titans au ciné, on ne boudera pas ce plaisir. Je pense que l’Aube de la Justice représente surtout l’aube de quelque chose de plus grand encore pour les années à venir. Je l’espère.