Zack Snyder n’est pas un « Fucking Yes Man ». Son style unique, il plaît, il plaît pas, mais il ne laisse pas indifférent. Batman V. Superman : L’Aube de la Justice possède toutes les qualités et les défauts de son réalisateur, les mêmes qui lui sont reprochés depuis son deuxième film, 300. Depuis plus de dix ans donc. Mais le mec s’en bats les reins, et donne au spectateur ce que lui a envie de voir : du spectacle.


Alors oui, parfois, la fâcheuse impression que ça pète un peu plus haut que son cul est là. La faute à un baragouinage de phrases profondes pour démontrer une chose simple (va te pendre Lex Luthor !), et à une absence d’humour totale (ou contre son gré, hein Martha !). Mais surtout, le souci vient du fait que le film propose des idées, beaucoup d’idées, sans vraiment jamais aller au bout. Il faut dire qu’entre installer un Batman qui a de la bouteille (de vin), une Wonder Woman dont le seul souvenir « cinématographique » reste une série kitch des années 70, un nouveau Lex Luthor atrocement chevelu (rendez-nous Kevin Spacey !), la bande-annonce en exclu de La Ligue des Justiciers, ou encore faire la suite directe de Man on Steel, les scénaristes avaient du taf.


Enfin, au passage, Batman V. Superman : L’Aube de la Justice s’en sort mieux que son rival dans le domaine de la bouillis scénaristique : Avengers : l’ère d’Ultron… Il se passe plus de choses chez Snyder (tout un univers a introniser), alors que Whedon s’est inutilement compliqué la tâche (pour sa défense, il avait plus de personnages à gérer). Merde, on s’était juré de pas comparer ! En tout cas, ne comptez pas sur nous pour cracher sur Marvel afin d’élever DC, ou vice-versa, car on estime que les deux façons de faire sont complémentaires. Pour se marrer, ne pas attendre grand chose en terme de réalisations (excepté peut-être les frères Russo) et se marrer, Marvel Studios/Disney sont là. DC Comics/Warner Bros. proposent du sérieux, du plombant, du violent, et oui, de la réflexion. Mais dans les deux cas, ce qu’on attend, c’est du spectacle sans ennui.


Et Zack Snyder parvient à te foutre en pleine face 2h30 de film (presque 3h pour la version longue), sans trop de longueur. L’avantage, c’est que la magnifique scène d’intro très Watchmenienne pose rapidement les bases du nouveau personnage de l’univers (bonjour, voici Bruce Wayne et ses parents. Ah non, Bruce Wayne sans ses parents, mais avec des chauve-souris maintenant), et que la scène suivante met en avant ce même Bruce Wayne stéroïdé, des années plus tard, à Metropolis, pendant le carnage final de Man of Steel, où un mec au collant et son copain d’enfance se chamaillent pour un jouet qui leur appartient même pas.


La suite, pas mal de blabla sur la place de Superman dans ce monde, la rage et la quête de vengeance de Batman (aidé par un Alfred impressionnant, diplôme d’ingénieur en poche et ultra doué en pilotage, le tout en restant Mr. Propre tellement la Bat-Cave est nickel), ou encore le cure-dent Wonder Woman et sa quête pour son selfie, mais rien ne lasse au point qu’on puisse se demander si oui ou non on se bouffe un McDo en sortant.


D’autant que Snyder, comme dit plus haut, offre un spectacle démesuré dans les scènes d’action. Quelques-unes sont assez foireuses (Batou dans le désert, Batou dans la Batmobile, ou pire encore, Batou dans L’homme en Slip) sans être catastrophiques, mais la dernière partie est quand même surpuissante. Alors d’accord, certaines choses font sourire (par deux fois, le film se justifie en proclamant que le combat a lieu dans une zone quasi désertique, c’est drôle), ça pue le numérique à la Sucker Punch et des incrustes sont pas terribles, seulement, pour un fan de Dragon Ball, ça envoie du Senzu. Trois héros, un monstre : une quasi-déculottée que Broly ne pourrait renier ! Ouais on sait qu’on parle d’un manga et pas du comic, et alors ?! C’est juste pour montrer l’ampleur du bordel ! Bordel !


Bref, si le scénario un peu alambiqué est somme toute raisonnable et sauvé par un Zack Synder généreux dans son travail, il faut dire qu’un défaut de taille reste assez gênant : il est difficile de s’accrocher aux personnages. Ils sont tous assez froids. Bien que Ben Affleck soit monstrueusement charismatique en tant que Bruce Wayne (il est LE point fort du film), et que Gal Gadot est moins pourrie que prévu (sans être non plus exceptionnelle), c’est l’émotion générale qui ne fonctionne hélas pas des masses.


La faute ultime en revient Lex Luthor, ou du moins Jesse Eisenberg qui nous refait un copié-collé de sa prestation de The Social Network, les tongs en moins. A part une bonne scène où le personnage révèle ses intentions sur le toit d’un bulding face à un des héros déboussolé, l’acteur est en totale roue libre et semble à côté de plaque avec tout ce qui se déroule dans le film. Et même au-delà de ça, Henry Cavill a l’air absent tout du long (ok, il est tiraillé, mais là on dirait qu’il en est à six bédos par jour le type !), et quand la toute fin arrive, impossible de ressentir un quelconque sentiment de tristesse ou de joie.


POUR LES FLEMMARDS : Un spectacle démesuré, prenant et vraiment généreux, hélas totalement dénué d’émotion et un peu alambiqué. Mais ça a le mérite de ne pas avoir été fait un foutu Yes Man, et de ne pas copier les productions Marvel.


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Djack-le-Flemmard
7

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Créée

le 29 mars 2016

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Kelemvor
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