Lucid Dream est un programme de thérapie où les patients peuvent, grâce à une machine, replonger dans leurs propres souvenirs et revivre des instants passés. Mieux encore, ils ont la possibilité de se déplacer librement dans ces moments privilégiés déjà vécus, comme s'ils y étaient physiquement. Faire le deuil d'un être cher est, par exemple, beaucoup moins difficile à gérer quand on peut encore parler un peu à cette personne disparue, qu'on peut la prendre dans ses bras, lui dire tout ce qu'on a pas pu lui dire de son vivant.
Dans une moindre mesure, Dae-ho est dans ce cas là. Au cours d'une après-midi, alors qu'il s'amusait dans un parc d'attraction avec son fils, ce dernier se fait enlever sous ses yeux. Étrangement, à l'instant où son enfant disparaît, Dae-ho est paralysé à cause d'une aiguille plantée dans sa cuisse, pour ensuite lui faire perdre connaissance.
Ce moment, il restera à jamais gravé dans sa mémoire, et durant les trois longues années qui suivront, il n'aura de cesse de se poser deux questions : pourquoi son fils, et est-il toujours vivant. Car sans aucune demande de rançon à la clef, Dae-ho est dans l'incompréhension totale. Et après trois ans d'enquête acharnée où toutes les pistes ont été exploitées, il entendra parler de Lucid Dream. Seulement, il ne verra pas ça comme une thérapie. Lui utilisera ce programme pour retourner dans son passé afin de comprendre ce qu'il s'est réellement passé ce jour-là, et ainsi retrouver le coupable et découvrir la vérité sur le sort de son fils.
Avec ce sujet prometteur qui nous vient directement de Corée (gros four au box-office au Pays du Matin Calme avec 5 millions de dollars de budget pour 680 000 de recettes) disponible sur Netflix, on ne pouvait décemment pas passer à côté de Lucid Dream. Mais force est de constater que malgré certaines qualités indéniables, on en ressort avec un goût d'inachevé, dû à potentiel pour le moins gâché.
S'ouvrir à un nouveau monde qui influe avec vos souvenirs et qui peut impacter cruellement sur votre "vraie réalité", on était en droit de s'imaginer un imbroglio savoureux, où le héros pourrait facilement perdre pied et découvrir des facettes du concept totalement ahurissantes. Car comme dans Inception (on y pense forcément beaucoup à mesure que le film propose ses idées, bien que le traitement soit quand même différent), les personnes peuvent rester bloqués dans ce monde à part, et on y retrouve même cette histoire de totem qui permet de différencier les deux réalités (ici, l'aiguille des secondes sur une horloge ou une montre remplace cette foutue toupie qui ne s'arrête jamais).
Malheureusement, Lucid Dream ne joue jamais sur ce pan de l'histoire. Tout est clair, très lisse, et manque cruellement d'ambiguïté. A aucun moment on est perdu dans l'histoire. Le concept est d'ailleurs peu présent, puisque le film fait finalement plus la part belle à l'enquête policière qu'à son côté fantastique attrayant. C'est rondement bien mené, on est vraiment intéressé par la finalité et très curieux de découvrir la vérité, mais ça aurait été beaucoup plus intéressant de creuser cette idée de rêve éveillée, qui n'est ici qu'un outil presque sans saveur. Il y avait pourtant matière a en faire un "embrouille cerveau" de qualité.
En ajoutant certains personnages très mal expoités (la doctoresse, le jeune hacker), et des effets spéciaux peu convaincants, difficile d'y trouver un intérêt. Cependant, Lucid Dream n'est pas mauvais pour autant. L'ambiance n'est pas déplaisante du tout, la révélation finale est plutôt touchante, le casting s'en sort parfaitement, et encore une fois l'enquête très bien menée se déroule sans temps mort.
POUR LES FLEMMARDS : Le concept prometteur est très mal exploité, mais le déroulement de l'histoire et sa conclusion sont suffisamment intéressants pour éviter la frustration totale.