Vol de coeur.

Décidément, le duo Danielle Darrieux/Henri Decoin a produit des merveilles : ce dernier avait accompagné sa jeune épouse à Hollywood et séduit par les méthodes de travail, et par le slapstick, il décide d'adapter ça à la sauce française.
Danielle Darrieux joue une jeune femme évadé d'une pension, et comme elle est douée pour le pickpocket, va dans une école où on lui apprend l'art du vol. Qui, du vol d'une montre à un ambassadeur, va elle-même se faire voler son cœur.

Le scénario va à 100 à l'heure grâce au ton de Decoin, très inspiré d'Howard Hawks, mais surtout grâce à l'ingéniosité comique de Darrieux, qui est absolument formidable. Il suffit de la voir tenter de voler une montre dans un cinéma, ou quand elle est toute seule dans une chambre, à piquer une crise de nerfs en piétinant son béret, pour se rendre compte à quel point elle a dû voir des films comme L'impossible Monsieur Bébé, où le burlesque est roi. Sa jeunesse et sa vivacité en faisaient une actrice à part à cette époque, ce qui explique son succès durant des décennies.

Alors ensuite, c'est sûr que face à elle, Claude Dauphin est un peu plus falot, mais j'aime bien la présence de Saturnin Fabre, qui joue le directeur de cet établissement de pickpockets, qui s'est fait une tête à la Sacha Guitry, et dont l'entrainement au vol ressemble aux arts martiaux.
J'apprécie tout particulièrement la 1ere moitié du film, après je trouve qu'à l'histoire d'amour ça patine un peu, mais rien que pour admirer, que dis-je, être sublimé par Danielle Darrieux, la Katharine Hepburn de son temps, il faut voir ce film !