Battle for Haditha par limma

Une fiction choc du réalisateur Nick Broomfield, ancien documentariste, pour la simple raison que sa fiction est basée sur des faits réels. En 2005 lors de la guerre d’Irak et de la présence militaire américaine sur le sol, un groupe de marines à tiré à vue sur plus de vingt personnes, sans sommation. Une bombe artisanale en a été la cause, où un Marine fut tué et un autre grièvement blessé.

La tuerie a été révélée par le magasine Times, suite à une fuite d'un témoin qui confirmera le souhait du journaliste de creuser l’affaire. Cela donnera lieu à un procès sachant que ce sont les jeunes soldats qui ont malgré leur forte implication, pris la plus grande responsabilité, la hiérarchie ne souhaitant pas mettre à mal sa légitimité. Pourtant c’est bien elle qui a autorisé le groupe à lancer l’attaque sans qu’aucune donnée n'ait été vérifiée au préalable, sur le seul prétexte que les poseurs de bombes étaient dans l'un des deux immeubles à proximité...Seule la vengeance validée...de loin.
L’armée tentera d’amoindrir le drame. Un premier communiqué des Marines indique que les quinze civils ont été tués par le souffle de la bombe et que huit insurgés ont été tués, mais les preuves à l’appui ne permettent pas de passer sous silence.

On est bien loin des films de guerre à grand spectacle mais plutôt proches de ceux plus abrupts, tels Outrages de Brian de Palma (1999) qui nous racontait déjà les dérives de soldats perdus et isolés, capables des pires exactions.
En 2007, il rempilait avec Redacted et continuait avec les expériences dramatiques vécues...puis oubliées. Moins réussi, un genre docu-fiction également, où le metteur en scène décrivait une Amérique qui ne choisit pas ses soldats (...et Kubrick avec The full metal jacket traitait aussi de la délinquance de ces jeunes envoyés « au front »).

Battle for Haditha prend son temps et nous déroule les événements en croisant interviews de soldats, discussions diverses et actions sur le terrain. Quelques unes de leurs interrogations quant à leur présence. Sans surprise, les termes haineux qui démontrent aussi leur méconnaissance et leurs a-priori et je me demande toujours quelles sont les mesures prises pour « candidater » ces soldats qui semblent trouver ici un pis-aller à leur mal-être et semblent en tout cas incapables de mener des missions aussi délicates. Missions qui demandent une prise de recul et une maîtrise de soi, alors même que de simplement s’intégrer à un peuple qu’ils sont censés soutenir, semble déjà bien difficile.
Point ici de psychologues ou autres formateurs pour tempérer les passions meurtrières. Tout est violemment dangereux et ce sera un jeune caporal qui hurlera sur les simples soldats, contournant complètement la mission par la peur qu’il transmettra par la même occasion...rappelant aux descriptions de sergent-chef, grands gueulards devant l'éternel, souvent "risibles" dans les fictions...

Tourné en Jordanie, le cinéaste s’attache à retranscrire au plus près les événements, et s’entoure d’acteurs non professionnels, immigrés Irakiens et véritables marines. Pas de parti-pris, le cinéaste s'attache à décrire chaque personnage et sentiments des uns et des autres pointant l'opacité des décisions et le flou constant des enjeux.
Alors évidemment les jeux ne sont pas exceptionnels mais le but n’est pas là et d’ailleurs cela renforce la crédibilité, et malgré quelques défauts de rythme et de cadrage, l'ensemble fonctionne grâce à des effets spéciaux réussis et sobres.
Caméra à l’épaule, plans serrés sur les soldats, pour un faux documentaire, la fiction est oubliée.
G.W Bush, interviewé à l'époque et toujours l'air..."ailleurs " quand il doit expliquer son point de vue ! mais aussi et surtout on partagera la vie difficile de civils, celles d'insurgés pris entre les deux feux (américains et intégristes) et des décisions tout autant dramatiques à leur survie.

Un montage pas toujours heureux, quelques longueurs et des scènes privées appuyées pour nous rappeler à des sentiments et à l'émotion. Difficile aussi de ressentir les conflits moraux dans cette escalade de la violence, mais l’ambiance pessimiste et réaliste est parfaitement retranscrite et procure un sentiment d'étouffement.

Les intégristes quant à eux utiliseront la vidéo de la « vengeance » des soldats pour leur propagande.
La boucle est bouclée.

Autant cela rappelle à la mémoire et l'ensemble se tient, pour une prise de risque sur ce genre de sujet, autant rien de bien innovant malgré tout et une "histoire" de plus sur la guerre, qui se répète, malheureusement.