Fukasaku décrit dans son film les travers d'une société capitaliste. Quoi de plus normal de choisir son pays, le Japon, lui aussi dans un modèle économique semblable à l'Europe et à l'Amérique du Nord. Une grande différence par rapport à l'Occident, c'est bel et bien le sérieux et la rigueur des Japonais dans le travail. De véritables forçats. Dès lors, la pression sur les personnes est très forte, le Japon est le pays qui possède l'un des taux de suicide parmi les plus élevés au monde (si pas le plus élevé).
Fukasaku choisit, dans une logique indéniable, de prendre des enfants comme personnages principaux. Normal, ils représentent l'avenir du pays et le suicide y est fort présent. De plus, voir des enfants s'entretuer choque nettement plus le monde et permet de sensibiliser plus de personnes.
L'autorité est jouée par Beat Takeshi. Il représente l'état en quelque sorte. C'est lui qui est quelque part le maître du jeu. Il a affaire à des élèves qu'il a eu autrefois en classe. N'oublions pas que l'école est un moyen comme un autre d'endoctriner des gens. L'école dans une société capitaliste nous permet de correspondre à la société, de nous intégrer parfaitement dans celle-ci. On sait qu'au Japon, l'institution scolaire prend une place gigantesque dans la vie d'un étudiant. On sait également que seuls les meilleurs parviennent à faire ce qu'ils veulent comme métier, que pour réussir, une sorte de lutte contre ses camarades apparaît. Cette lutte se traduit de manière nettement plus violente dans le jeu, puisqu'ici il s'agit de survivre. Mais n'oublions pas que le survivant pourra retourner chez lui, continuer ses études, etc. Tel est le but du garçon n°20, Kyouichi Motobuchi, élève modèle... Fukasaku ne veut pas de lui comme vainqueur, il sera éliminé par un des deux nouveaux élèves. Je l'ai déjà dit et je le répète, le suicide est un des moyens pour se sortir de cette société oppressante. Il est normal que ce soit le cas pour le jeu. Ainsi, quelques élèves choisiront le suicide plutôt que de participer à cette terrible épreuve. Comme ceux qui choisissent de ne pas subir la société car ils n'y trouvent pas leur place... Certains tenteront également de créer des alliances, de s'entraider. Mais c'est un échec total. La plupart sont tués par Kazuo Kiriyama, le psychopathe, celui qui est venu au jeu juste pour s'amuser. Dans la société normale, on pourrait le comparer à un mercenaire. Pour Fukasaku, il représente le pire des élèves, ainsi la scène où il marche entre les flammes peut faire penser à un démon qui sort tout droit de l'enfer... A noter que le scénariste du film est Kenta Fukasaku, le fils de Kinji. Il ne gagnera pas le jeu, il représente en quelque sorte un pion de l'état. A noter, qu'une alliance aurait pu fonctionner, celle des filles du phare. Mais avec l'arrivée de Shuya, la discorde se crée, l'une d'elles mettra du poison dans la nourriture destinée au garçon. Malheureusement, c'est une fille qui la mangera. Elles s'entre-tueront. La responsable de ce massacre se suicidera. Dès le début du jeu, on comprend que les possibles vainqueurs sont Shuya et Noriko. D'un point de vue du caractère, ils se ressemblent fortement. Tous les deux sont assez timides et réservés. Pourtant, à plusieurs reprises, ils manquent de se faire tuer. A noter que Shuya a dû faire face au suicide de son père, chômeur et ne parvenant pas à retrouver de l'emploi. Une nouvelle représentation des travers de la société japonaise par Fukasaku.
On peut également parler du garçon n°11, celui muni du GPS, qui aide les autres étudiants. Il ne tuera personne et se fera tuer par celle qu'il aime. Il représente en quelque sorte l'autre héros du film après Shuya et Shogo (l'ancien vainqueur du jeu, forcé à participer).
La plupart des autres élèves participeront au jeu. Mais quand on joue, on ne gagne pas forcément... La comparaison avec la "vraie" vie est nette. On accepte les règles que la société nous donne, on y participe mais on n'y trouve pas forcément les résultats espérés au bout...
Revenons enfin en détail à Kitano (formidablement interprété par Beat Takeshi), de ses relations tumultueuses avec sa fille d'abord. Disputes et reproches sont le quotidien lorsqu'ils se parlent au téléphone. Kitano ne croit plus en sa fille, il lui fera savoir. Non, la relation la plus intéressante se trouve être celle qu'il a avec Noriko. Il sauvera d'abord de la mort. Et plus tard, sur la représentation de la peinture, c'est elle qui survit au jeu. Pour Kitano, elle représente la fille idéale. Elève modèle, personne bien élevée. Kitano ressent énormément d'affection pour elle. Il aurait d'ailleurs préféré qu'elle soit sa fille et l'invite à l'accompagner plus tard dans le film dans "la mort". Mais quelle mort? Physique? Morale? On ne le saura pas, Kitano sortira un pistolet... à eau et se fera abattre pas Shuya, qui défend celle qu'il aime. Un contre-exemple avec Shogo qui pour survivre a dû tué sa petite amie. Et puis cette scène totalement dans l'esprit asiatique où Kitano, malgré qu'il est mort, se lève pour répondre à son GSM et dire sa façon de penser à sa fille avant de mourir une nouvelle fois. Shogo mourra d'ailleurs, mais le coeur heureux, d'avoir pu avoir des personnes sur qui compter. D'avoir pu faire confiance en quelqu'un; là où dans le jeu comme dans la vie, la plupart des gens vous trahissent pour pouvoir arriver à leurs fins (j'ai pas dit tous hein!).
En gros, Fukasaku critique le système bien plus qu'il n'agit pour lui. Il ne demande pas d'adhérer à son point de vue, il l'explique tout simplement. Libre à nous d'être d'accord avec ou pas. Enorme critique donc sur cette société, sur l'école qui crée des personnes qui doivent coller parfaitement au système. Sur l'endoctrinement que cette dernière crée donc. Sur une société qui se soucie bien plus de la personne en tant que futur acteur économique que sur la personne en tant qu'être humain doté de sentiments....
batman1985
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le 7 mai 2011

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