Les rastas de l'enfer
L'an 3000. Dans le futur, Optic 2000 serait encore plus ringard qu'aujourd'hui, sauf qu'ils n'existent plus. Afflelou non plus. Car dans le futur, les humains sont habillés comme des hommes des...
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le 7 oct. 2010
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En 2000, je tombai sur l'affiche de Battlefield Earth dans un cinéma. À l'époque, ma définition du bon goût incluait les deux Batman de Joel Schumacher et pourtant, je perçus dans le regard de ce John Travolta bleu affublé de dreads un message d'avertissement. "Ne vaaaas paaaas voiiiir ceeeette meeeerde". L'ado impressionnable que j'étais s'exécuta.
Les années passèrent et je pris connaissance de l'irrésistible réputation du bousin, qui était en fait l'adaptation d'un roman SF de L. Ron Hubbard, le fondateur de la scientologie (dont Travolta fait partie). Et puis le miracle est arrivé : j'ai enfin pu voir Battlefield Earth sur grand écran... Une séance spéciale puisqu'elle était commentée au micro par trois amateurs de "films esthétiquement contestés". J'ai beau avoir raté quelques dialogues du film, je pense avoir réussi à comprendre le pitch qu'on pourrait résumer ainsi : en l'an 3000, la Terre est asservie par des extraterrestres rastas amateurs d'or et de bière fluo ; les humains sont retournés à l'âge de pierre et ont même oublié ce qu'était un triangle... jusqu'au jour où l'un d'entre eux décide de se rebeller et, ultimement, ATTENTION SPOILER de génocider tous les vilains envahisseurs, sauf deux.
Sans atteindre la pureté nanarde d'un The Room ou d'un White Fire, le long métrage de Roger Christian (réalisateur de seconde équipe sur La Menace Fantôme, mais ça a failli être Quentin Tarantino hein) n'en demeure pas moins un bijou que les esthètes sauront apprécier à sa juste valeur. Les performances cabotines de John Travolta et Forest Whitaker resteront dans les annales, tout comme que le ridicule des costumes, décors, effets spéciaux, dialogues, rebondissements... La palme revient cependant à la mise en scène truffée de tics horripilants : des transitions kitchs type Windows Movie Maker (double volet à gauche et à droite), d'interminables séquences slow-motion et surtout, surtout, l'usage quasi-systématique de "dutch angles" (plans obliques, attention au mal de mer).
Vous l'aurez compris, j'ai passé un grand moment de cinéma. J'ai désormais l'irrépressible besoin d'explorer la filmographie secrète de Travolta, en commençant par les trois films montrés en bande-annonce avant Battlefield Earth : The Boy in the Plastic Bubble (1976), Perfect (1985) et The Experts (1989). Que de bonheur en perspective...
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Créée
le 2 avr. 2015
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