Avant le verdissement/greenwashing, il y avait le blanchiment/bloodwashing, quoique... le greenwa$$$hlingue c'est aussi du blanchiment.

Pour clôturer un marathon de 4 films réalisés en moins de 18 mois (1ère prouesse), les 2 compères Koichi IIBOSHI & Kinji FUKASAKU livre une prestation finale qui débute son récit en 1965 & vient parachever une œuvre sociétale de grande qualité pouvant s'assimiler à une enquête quasi-sociologique (2nde prouesse) sur un univers mafieux qui a connu de profondes mutations au 20ème siècle.

La majorité des responsables yakuza de Hiroshima décide de fonder l'organisation pseudo-politique TENSEI pour s'adapter au changements de la société japonaise fatiguée par 2 décennies de violence débridée.

Une nouvelle façade de respectabilité pour continuer de plus belle leurs activités criminelles tout en espérant infiltrer la sphère législative qui donne accès aux gros contrats publiques.

Ce virage stratégique ne se fait pas sans faire grincer des dents la frange traditionnelle qui ne compte pas abandonner aussi facilement son mode de vie, à commencer par Hiroki MATSUKATA aka parrain Terukichi ICHIOKA, fraîchement sorti de prison & du genre belliqueux, qui plutôt que d'agir de son côté préfère venir engrainer le clan de son ami Shozo HIRONO alors que celui-ci purge encore sa peine.

On comprend vite comment tout ça risque de finir...

D'un côté, on a ceux qui peuvent utiliser la violence autant qu'ils veulent &, de l'autre, ceux qui sont tentés d'y répondre de la même manière mais peuvent aussi, en tant qu'institution "respectable", faire jouer leurs relations politiques pour utiliser la force publique afin d'écraser les clans "conservateurs/traditionalistes".

Parallèlement à cette confrontation entre 2 écoles de pensée, se profile à l'horizon la lutte de succession pour la présidence de l'organisation TENSEI entre 2 candidats à la personnalité diamétralement opposée, dont l'un, Joe SHISHIDO aka Katsutoshi OTOMO, irascible & violent, représente le passé tandis que l'autre, Kinya KITAÔJI aka Tamotsu MATSUMURA, bien plus jeune & réfléchi, incarne l'avenir.

D'ailleurs, bizarrement, le candidat non désiré Katsutoshi OTOMO, l'espèce de cinglé condamné à la prison à vie en 1955 dans le volet 2, est en liberté... seulement 10 ans plus tard ?!

On peut faire l'analogie, la transposition entre ce qui se joue au niveau de cette organisation & ce qui se passe dans le milieu des yakuzas traversé par une ligne de fracture sismico-idéologique, & c'est une des forces tectoniques du scénario... mais pas la seule (je n'en dis pas plus).

Shozo HIRONO, Akira TAKEDA, Terukichi ICHIOKA, Tamotsu MATSUMURA & son antithèse Katsutoshi OTOMO forment un mélange (d)étonnant, & quoi de mieux pour conclure une pentalogie de films finalement assez différents mais très complémentaires & s’enchaînant particulièrement bien.

Intéressant de noter que la figure du yakuza, personnage considéré comme mauvais par nature, est parfois encore en vie & en liberté à la fin de l'histoire, en rupture avec la plupart des films japonais du genre.

-MoH-
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le 14 sept. 2024

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