Larguons un peu d'plomb sur ces lopettes !
C’est un fait, les blockbusters à base d’invasions extraterrestres ont toujours été d’une bêtise allant au-delà de toutes limites. Une chose qui n’a d’ailleurs vraisemblablement pas plu au cinéaste Peter Berg, sans cesse capable de changer de registre depuis son Very Bad Things, réinventant le modèle du super-héros antipathique avec Hancock.
Dès les premières minutes on voyage en terrain connu, le jeune con interprété par Taylor Kitsch nous rappelant furieusement le capitaine Kirk rebelle et insolent du long-métrage de J.J. Abrams. En guise d’introduction on a tout un tas de séquences avec des scientifiques stéréotypés qui posent le décor avec des explications vitesse grand V, et c’est limite bien plus agréable de ne pas les voir davantage, on n’a pas besoin de savoir qu’une pêche brûle si on y fout le feu…
Kitsch se retrouve sur son bateau, aime la fille de son supérieur, mais comme il est incapable de se contrôler toutes ses chances s’effondrent, mais cela c’était sans compter sur l’arrivée d’un petit escadron d’aliens censés tâter le terrain et renvoyer un rapport à leur bureaucratie. Monumentale erreur pour eux, ils posent un dôme afin de contenir toute attaque, ce qui aurait été efficace s’ils n’avaient pas enfermés avec eux le-dit héros ainsi que toute une flotte de la marine. Puis là ça y est, on sait que ça démarre lorsqu’une succession de money-shots tous plus renversants les uns que les autres s’enchainent presque sans discontinuer et se renouvelant sans cesse. Une véritable frénésie créative a émergé du crâne de Peter Berg qui réussit à nous émerveiller devant tant de chahut et d’action popcorn.
Tout le monde a son utilité et le vaste casting masculin a le droit à tous ses moments de bravoure, sonnant comme un véritable film de propagande pour la marine, en plus que de nous rappeler que l’on en a plein le fion des grosses machines usant de la gente féminine pour vendre, ici les femmes sont absentes pour nous offrir une féerie de testicules ballottant dans une baston frénétique ô combien gay friendly. Ouais, y’en a marre d’un teen un peu con comme Shia LaBeouf qui nous emmerde avec ses peines de coeur. Et puis ici les bidasses ne sont pas de simples objets du décor comme dans Transformers, ici ils sont omniprésents et omniscients, rappelant qui sont les vrais héros: des humains, et non des robots en CGI totalement incompréhensibles avec leur voix vocodée dégueulasse. Et qu’à cela ne tienne que l’un d’eux soit cul-de-jatte tenant sur deux frêles prothèses, il a lui aussi droit à son moment de gloire en faisant avaler ses dents mano a mano à un extraterrestre qui s’est cru à une cosplay party sur le thème de Crysis. Et les vieux matelots qui viennent glandouiller sur un bateau-musée, sont-ils bons à mettre aux rebuts ? Que nenni ! Space Cowboys a laissé son empreinte tout comme les humains laissent la leur au cul des envahisseurs.
En somme Battleship est probablement le meilleur blockbuster de ces 10 dernières années, certainement car Berg réinvente le genre comme il le faisait avec Hancock. Fini les virus pour couler les vaisseaux aliens, fini les crétins qui nous saoulent en répétant des blagues foireuses durant toute une pellicule, ici on a du spectacle jouissif à tous les instants, plus jouissif encore que ne l’est le plaisir de couler un porte-avion adverse lors d’une partie de bataille navale (d’ailleurs le film est inspiré de ce même jeu, appelé « Battleship » en anglais), cela étant décuplé par une stratégie de combat bien huilée renvoyant directement au jeu, changeant des merdiers habituels totalement chaotiques (qui a dit Avengers ?). La seule chose que l’on pourrait reprocher est le travail fait en post-production, consistant à donner une teinte orange à tout le monde (même au black !) ainsi qu’une bleutée à tout le décor, en plus de rajouter des lens-flares dans tous les sens, ce qui confère à la bobine un aspect très fashion qui marche bien depuis Star Trek (et repris dans tous les films de science-fiction, que ce soient les Marvel, Total Recall ou Lockout), mais pique aussi très vite l’oeil du cinéphile un peu esthète. Mais soit, à tort ou à raison ces rajouts se font vite oublier tant la bobine nous rappelle qu’avec un peu d’imagination (et une absence de 3D, renvoyée au rang de gadget grâce à une mise en scène de folie !), la mer, souvent synonyme de paix et sérénité, peut être le centre d’une grande aventure, tout comme Abyss l’était en son temps.