De boue et d'or
Le cinéma coréen n'a de cesse de le rappeler, le Japon fut le grand ennemi du pays du matin calme au XXème siècle, et c'est donc sans grande surprise qu'arrive en salles un autre film traitant de...
Par
le 12 mars 2018
23 j'aime
4
Bon réalisateur de pop daubes à la base tout de même (l'insupportable Arahan et le non moins daubesque City of violence... Voilà, voilà...), Ryoo Seung-wan, réalisateur d'action avant tout, prend de la bouteille et s'affine comme toute la Nouvelle Vague coréenne pour nous fournir son Soldat Ryan cross Les Évadés. Si on ne peut pas dire que ce soit d'une très grande subtilité comme un Bong Joon-Ho loin de là, les méchants militaires fanatiques japonais contre le gentil peuple coréen modéré, pondéré tout de même par quelques méchants coréens collabos, il faut bien admettre que Battleship Island est un gros "ride" pêchu de 2h10 qui plonge dans les méandres de l'île / mine de charbon / prison japonaise d'Hashima, fournaise immonde rappelant Germinal et pourquoi pas les mines d'enfants du Temple Maudit, avec une pointe de Liste de Schindler pour faire bonne mesure quant au traitement inhumain réservé à ses prisonniers. Tous venus au Japon pour un peu de travail et beaucoup d'espoir, ils sont manu-militari enfournés dans des trains à destination de l'île de la mort sans espoir de survie ou presque.
La grande force du film pour éviter le pathos passe par son rythme enlevé et le point de vue principal d'une troupe de musiciens menée par le jovialement excellent Hwang Jeong-min et sa fille (dans le film), le rayon de soleil Kim Su‑an, qui rappellent un peu la complicité et l'inébranlable optimisme du duo de La vie est belle de Benigni.
Alors que la situation ne cesse de devenir de plus en plus insupportable au fur et à mesure du métrage, la joie de la musique, de ces musiciens, de leur leader fin connaisseur en japonais, positif, débrouillard, indéfectiblement souriant et de cette jeune danseuse effrayée par tant de haine mais pleine d'espoir, parfait le mélange coréen toujours surprenant du drame inadmissible et de la comédie joviale qui se répondent d'une réplique à l'autre.
S'y greffe un jeune chien errant (excellent So Ji‑sub), grand petit caïd qui va user de sa supériorité physique pour faire sa place sans en avoir l'air, en restant le vrai bon connard qu'il est. Aussi fier que la jolie Lee Jung-hyun avec qui il forme peu à peu un duo de rebelles renfrognés, le jeune pitbull va faire sa place tant bien que mal essayant d'alléger un peu le quotidien infâme de ses compatriotes coréens innocents.
S'y ajoute principalement pour finir le jeune beau gosse Song Joong‑ki qui incarne le personnage le moins réaliste du lot, en l'occurrence un agent secret super combattant couillu, infiltré pour organiser l'évasion d'un leader syndical et politique coréen qui semble lui aussi alléger le quotidien grâce au peu de pouvoir qu'il possède encore.
La réalisation appliquée convainc sans problème et consolide avec brio le fond somme toute classique. La caméra est plutôt stable (oui !), le montage super cut et un poil fatigant rend le tout étrangement expéditif malgré tout (il se passe énormément de choses mais tout n'est pas développé calmement et en profondeur loin de là) mais apporte une force d'action, un dynamisme non négligeable au récit qui monte en gros crescendo avant d'exploser lors du combat de So Ji‑sub contre le méchant et affreux collabo maton dont il brigue le poste. Duel en serviette dans la moiteur des douches crades, les deux antagonistes se fritent comme des ours, un truc de dingue. Ça rappellerait Schwarzy dans l'intro de Double Détente mélangé à la violence d'un The Raid en gros, ça déboîte. Viendra pour finir une longue bataille finale beaucoup moins crédible mais pas piquée des hannetons.
Aventure en vase clos avec paradoxalement une bonne dose de grandeur, Battleship Island qui se veut réaliste et social puisque basée sur des faits réels, parvient à proposer un équilibre pas évident, ce malgré ses japonais totalitaires éminemment pas fins, entre action bourrine, drame soupesé et comédie subtilement délayée, et se présente comme un bon gros carton sud coréen de plus pour ce réalisateur qui n'est clairement pas mon préféré à la base. Ça commence à faire beaucoup de bons réalisateurs coréens damn' !
Sinon Battleship, ça donne moyen envie comme titre, cf Battleship et Space Battleship, urgh...
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste J'adoooore le cinéma coréen...
Créée
le 12 avr. 2018
Critique lue 2.5K fois
22 j'aime
7 commentaires
D'autres avis sur Battleship Island
Le cinéma coréen n'a de cesse de le rappeler, le Japon fut le grand ennemi du pays du matin calme au XXème siècle, et c'est donc sans grande surprise qu'arrive en salles un autre film traitant de...
Par
le 12 mars 2018
23 j'aime
4
Bon réalisateur de pop daubes à la base tout de même (l'insupportable Arahan et le non moins daubesque City of violence... Voilà, voilà...), Ryoo Seung-wan, réalisateur d'action avant tout, prend de...
Par
le 12 avr. 2018
22 j'aime
7
A la fin de la seconde guerre mondiale, l'étau se resserre autour du Japon. Plusieurs centaines de prisonniers coréens sont soumis aux travaux forcés dans la mine d'Hashima, sur une île au large du...
le 22 mars 2018
13 j'aime
1
Du même critique
Personne n'y croyait mais il est cool ce film ! Dingue ! On aurait juré voir la bouse arriver à 100 bornes et voilà que c'est la bise fraîche ! Doug Liman reprend pourtant le concept de "Un jour sans...
Par
le 23 juin 2014
202 j'aime
31
Misérable. Pire film de zombies. Je m'attendais à rien et j'ai eu rien. J'ai même eu plus que rien, ou plutôt moins que rien. Il n'y a rien. Les seules scènes valables sont les trois moments...
Par
le 5 juil. 2013
180 j'aime
66
Il y a peut-être un micro poil trop de gros plans de visages pétrifiés qui mettent en évidence un fond légèrement binaire comparé à d'autres œuvres plus ambigües et analytiques. Il n'est pas question...
Par
le 27 avr. 2011
175 j'aime
18