Be My Slave
5.8
Be My Slave

Film de Tôru Kamei (2012)

Dans la veine du cinéma érotique japonais traditionnel, celui-ci est en bonne place. Relativement bien filmé, il cherche des angles soigneux. Certaines séquences sont jolies. Les cadrages réussis, bien pensés, la photographie très sophistiquée font de ce film une belle réussite sur le plan formel.

L'histoire ne manque pas d'intérêt non plus. Comme souvent dans ce genre, le film interroge la relation de domination entre un maître et son esclave sexuel. De ce point de vue, rien d'extraordinaire. On n'apprend rien. Ce qui importe c'est la construction du récit. Dans un premier temps, j'ai cru que le film nous amenait vers une piste trop facilement balisée.

Une jeune femme plutôt renfermée sur elle même se donne sans explication à un collègue auquel elle s'est d'abord refusé. On comprend vite qu'un autre homme lui commande d'agir de la sorte. Mais alors que je m'imaginais que le film voulait jouer sur une certaine forme de suspense (le jeune homme va-t-il sauver l'esclave ou devenir lui même esclave ou bien son nouveau maître?), le film essaie d'interroger les raisons qui poussent la jeune femme à accepter cette position dominée.

Les réponses à cette question sont évoquées mais ne sont pas vraiment satisfaisantes. C'est décevant, comme souvent. C'est un thème récurrent, mais compliqué à aborder par l'image. Honnêtement, le film le fait avec beaucoup de maladresse, voire de naïveté. En gros, parmi les raisons de la jeune femme l'ennui prime. Comment se satisfaire de cela?

Heureusement, la relation entre les trois personnages reste suffisamment floue pour qu'une certaine ambiguïté persiste à donner du charme à cette histoire.

Je regrette personnellement que la distribution soit d'une qualité aussi moyenne. Mitsu Dan manque de coffre. Certes, son rôle est difficile, mais elle n'a pas un charme renversant. Hiroaki Mayama son jeune admirateur est lui encore moins enthousiasmant. Quant à Itsuji Itao, il en fait peu, c'est heureux, mais cela ne suffit pas pour lui donner l'image mystérieuse et autoritaire de grand maître.

Si bien qu'au final, je me trouve devant un film qui ne tient pas totalement ses promesses. On imagine ce même scénario avec des acteurs autrement plus costauds. Le réalisateur Tôru Kamei a quelques bonnes idées, mais il manque de souffle. Imaginez ce qu'un Noboru Tanaka aurait pu faire de cette histoire...
Alligator
6
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le 16 mai 2014

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