En 1945, après leur démobilisation, trois anciens soldats (Gene Kelly, Dan Dailey et Michael Kidd) se promettent que leur amitié durera toujours, et jurent de se retrouver en un endroit donné en 1955. Dix ans après, les trois se retrouvent comme prévu, mais c’est pour découvrir qu’ils n’ont plus rien en commun, chacun ayant suivi une voie bien différente des deux autres, et qu’ils n’ont plus rien à se dire. Mais une amie d’un des trois (Cyd Charisse), travaillant dans une émission télévisée, décide de les inviter secrètement à une de ses émissions pour les réunir…


Malgré son titre, Beau fixe à New York sonne plutôt le glas, celui d’une période et celui d’une amitié. La période, c’est l’âge d’or des comédies musicales. Bien entendu, le genre a encore quelques belles années devant lui, ne nous ayant pas encore délivré son chef-d’œuvre absolu West Side Story, mais l’échec commercial de ce film co-signé par Stanley Donen et son ami Gene Kelly lui portera néanmoins un coup fatal.
Originellement prévu pour être une suite à Un Jour à New York par leurs scénaristes communs Betty Comden et Adolph Green, Beau fixe à New York n’est effectivement pas sans évoquer cette précédente collaboration entre Donen et Kelly, utilisant le même canevas de base qui nous fait suivre les pérégrinations de trois amis, anciens soldats, à travers la ville. Ne pouvant toutefois mettre la main sur Frank Sinatra et Jules Munshin, le film se dissociera finalement de son prédécesseur, suivant son propre chemin.
Le dynamisme de Gene Kelly, le charme inimitable de la magnifique Cyd Charisse et la mise en scène toujours pleine d’inventivité de Stanley Donen assurent donc au spectateur un spectacle de tous les instants, et compensent des numéros musicaux parfois discrets, qui manquent d’un grain de folie, malgré quelques moments de bravoures (Cyd Charisse au club de boxe et Gene Kelly sur des patins à roulettes, notamment). On se demande d’ailleurs encore comment les scénaristes ont réussi le tour de force de réunir les immenses Cyd Charisse et Gene Kelly dans un même film sans leur donner un seul numéro musical en commun !
On ne trouve pas moins largement de quoi se faire plaisir dans ce film qui regorge de trouvailles en tous genres. Mais il est toutefois difficile de fermer complètement les yeux sur le ton étonnament amer et désabusé adopté par le film, qui illustre peut-être bien, quoiqu’involontairement, le glas d’une amitié mentionné ci-dessus. Cette amitié brisée, c’est celle entre Stanley Donen et Gene Kelly qui, d’après les propres aveux de Donen, ne se relèvera jamais des multiples conflits que les deux réalisateurs eurent sur le plateau. C’est alors avec une amertume accrue que l’on regarde ce happy end final qui chante la valeur de l’amitié et son immortalité, tout en en scellant la fin d’une grande.

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le 19 mars 2018

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Tonto

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