Les gestes oubliés

Une journée dans la vie d’un couple de retraités ordinaires, la visite du fis qui peine à présenter sa fiancée, presque rien, l’infinitésimal du poulet à acheter, et du verre de nuit qui s’est cassé. Un des plus bouleversants portraits de « parents »... Une attention géniale aux furtifs détails de la vie, aux gestes oubliés, à tout ce que la mémoire engloutit sans répit - et à raison souvent, pour ne point trop voir la cruauté et la folie des gens qu’on aime. Entre éclats de voix opératiques, chemise de nuit molletonnée et plantes vertes, Micheline Presle tyrannise son esclave et compagnon de toujours (sublime Claude Piéplu), ça a l’air mignon mais c’est l’horreur. C’est l’horreur mais c’est l’amour. On rit, on pleure (beaucoup), on pense au « Vieux couple » d'amis de Reggiani : « Ma vieille chance ma galère / Mon enfant mon Judas mon juge / Ma rassurance mon refuge / Mon frère mon faux-monnayeur / Mon ami mon valet de cœur/ Je ne voudrais pas que tu meures. »