En Italie, le Prince d'Aragon (Denzel Washington) revient victorieux d'une guerre quelconque et s'arrête à Messine chez le Signor Leonato (Richard Briers) avec ses hommes.
Le jeune Comte Claudio (Robert Sean Leonard) tombe amoureux de la jeune fille de Leonato, Hero (Kate Beckinsale dans son premier rôle) et le mariage se conclut rapidement au grand dam du frère bâtard du prince, Don Juan (Keanu Reeves), qui ne peut piffrer personne.
Dans la suite du prince, il y a également Benedick (Kenneth Brannagh), un jeune noble qui méprise le mariage et est connu pour son esprit tranchant. Il s'oppose régulièrement à Béatrice (Emma Thompson), la nièce de Leonato, une jeune femme peut être un peu trop intelligente pour son bien (du moins c'est ce que tout le monde pense). Evidemment, ces 2 là, comme dans toute romcom qui se respecte, sont amoureux l'un de l'autre sans s'en rendre compte (Shakespeare a aussi inventé ça).
En attendant le mariage, le Prince, Leonato et Claudio montent un plan pour faire tomber amoureux Benedick et Beatrice (un plan très simpliste mais qui marche).
Mais le pourri Don Juan monte un plan de son côté pour discréditer Hero en faisant croire qu'elle s'envoie en l'air avec tout ce qui bouge, et le jour du mariage, Claudio l'humilie en public.
Après avoir fait croire que Hero est morte du choc et une petite enquête, son honneur sera restauré, Benedick et Beatrice vont s'avouer leur amour et tout finira bien.
L'adaptation de Brannagh est excellente.
Dans une villa toscane somptueuse, il déroule cette intrigue improbable avec un ton résolument moderne mais un parti-pris classique dans sa mise en scène.
Sans transposition temporelle maladroite, il rend la fraicheur de l'histoire dans un décor qui frôle le carton pâte. Cela a été très critiqué à l'époque mais d'un autre côté, comment rendre crédible une histoire aussi tirée par les cheveux et, disons le, creuse?
La légèreté du ton, la bulle d'irréalité sont, à mon sens, nécessaires pour apprécier la pièce. Pièce qui est d'ailleurs parmi les plus brillantes en esprit que William ait écrites. Tout est dans le verbe plutôt que dans l'intrigue.
Le casting se doit donc d'être impeccable pour réciter ces vers fort alambiqués et il l'est dans une grande majorité. La troupe est en état de grâce (hormis Keanu Reeves qui semble un peu emprunté).
Brannagh et Thompson survolent tout de même largement les autres à la fois en abattage et en intérêt : cela tient aussi à leurs rôles qui sont les plus intéressants. Il faut également mettre en avant Mickael Keaton en Constable Dogberry, le rôle plus extraordinaire de la pièce et qui fournit parmi les moments les plus drôles de toute la pièce et du répertoire du divin barde.
Une pièce d'une grande finesse verbale rendue par des acteurs en tous points excellents. Une mise en scène simple et sans chichis qui laisse vivre ses personnages dans leur décors de rêve. Et en prime une musique sublime qui emporte par vague vers des sommets de joie.
Décidément, Ken et William sont une équipe qui gagne.