Soyons clairs, Beauté cachée n’est certainement pas le film de l’année, ni même un film fondamentalement indispensable d’ailleurs. Il n’est ni vraiment parfait, ni extrêmement ambitieux, ni totalement original. Et pourtant, la tendresse qui se dégage de ses personnages et de son histoire touche littéralement en plein cœur. Sous ses airs de conte fantastique, il aborde effectivement des thématiques universelles susceptibles d’intéresser un large public. Les trois plus importantes étant bien évidemment l’amour, le temps et la mort. Trois notions relativement abstraites que le long-métrage a la bonne idée de symboliser ici par de véritables personnes. Il en découle dès lors de magnifiques moments de vérité, aussi troublants que poétiques. Alors certes, les spectateurs les plus réfractaires au genre auront du mal à réprimer leur dégoût devant tant de bons sentiments. Mais pour les autres, la reconstruction psychologique du héros risque d’être particulièrement émouvante. Qui plus est, qui a dit que les bons sentiments étaient forcément à proscrire ? En ces temps où le cynisme est roi, ils apparaissent en effet comme une véritable bouffée d’oxygène. Surtout lorsqu’ils sont au service d’un scénario profondément humain.
Sans être tout à fait surprenant (le twist final est par exemple excessivement prévisible), le script est plutôt bien ficelé et limite les énormes ficelles que ce type d’histoire exploite habituellement. Cependant, aussi convaincant soit-il, il n’aurait certainement pas eu le même impact sans le casting d’exception dont il profite ici. Sincèrement, tous les acteurs livrent une prestation assez remarquable. A commencer par Will Smith, bien sûr, bouleversant d’authenticité dans la peau de ce père endeuillé ayant perdu tout goût pour la vie. En parvenant à véhiculer des torrents d’émotion avec son simple regard, le comédien américain prouve que, malgré son récent passage à vide, il n’a absolument rien perdu de son talent. A ses côtés, on retiendra aussi les performances inspirées de Kate Winslet, Michael Peña et Edward Norton, qui insufflent sans mal une véritable épaisseur dramatique à leur personnage. Tous les quatre sont d’ailleurs à la base d’une des plus belles scènes du film. Enfin, mention spéciale à la réalisation que j’ai trouvée particulièrement élégante. Souvent transparente dans ce genre de production assez sobre, la mise en scène confère ici au long-métrage un vrai cachet visuel.
Pour résumer, malgré son excès de bons sentiments, Beauté cachée n’en demeure pas moins un drame particulièrement touchant. Un brin larmoyant, le film touche néanmoins en plein cœur grâce à l’immense tendresse qui émane de ses personnages, tous formidablement bien incarnés par un casting phénoménal, Will Smith en tête.
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