Voilà, après avoir vu la comédie indé sur la grossesse, la comédie con-con des années 90 sur la grossesse, voici la rom-com des années 2000 sur... hé bah pas sur la grossesse parce que je me suis rendu compte que ça n'était pas En cloque : Mode d'Emploi (titre original : Knocked Up) un film avec Katherine Heigl sur la grossesse, mais Bébé : Mode d'Emploi (titre original : (Life as We Know It ) un film avec Katherine Heigl sur le fait d'être parents. Merci les distributeurs français pour l'embroglio volontaire.
Je savais en voyant la jaquette dans quoi j'étais en train de mettre les pieds : c'est Katherine Heigl et je crois qu'après Grey's Anatomy, y a eu une sorte de "Katherine Heigl-sploitation". La voir dans un film c'était l'assurance d'avoir une comédie romantique qui allait jamais être vulgaire et jamais sortir des sentiers battus. En fait, c'est limite ça qui m'a énervé dans ce film : la dernière demi-heure ne sert qu'à justifier d'avoir LA fin classique.
Parce que le film est, dans ses deux premiers tiers... pas si mal que ça. Alors, oui, c'est pas filmé exceptionnellement et le casting est composé de "ces acteurs qu'on a adoré dans des séries télés" (avec Christina Hendricks de Mad Men, Melissa McCarty de Gilmore Girls , Andy Buckley de The Office, etc...) mais ils font le taf honnêtement.
Mais surtout, ce qui m'a étonné c'est que le film prenait au départ son sujet de façon étonnamment sérieuse. Reprenant le classique "ils ne s'entendent pas mais vont apprendre à se connaitre par la force des choses" il par sur l'idée que le parrain et la marraine d'une petite fille se retrouvent à l'éduquer du jour au lendemain... suite au décès des parents. Et ils arrivent à rendre ça franchement crédible : un accident de voiture, des voeux dans le testament, le fait qu'ils soient la seule option viable pour garder la petite fille (les autres membres de la famille étant trop bizarre, trop occupés ou trop vieux pour avoir l'enfant à charge.) Même le fait qu'ils doivent rester dans une énorme barraque est finalement tel que présenté, assez logique (surtout lorsqu'elle arrive à une année de crise de logement pour les américains)
Et ça marche durant un moment, on les voit galérer avec ce rôle mais sentir de manière crédible qu'ils ont envie de faire partit de la vie de la gamine (le film ne fait jamais le coup du "je fais croire que je déteste les momes" avec le personnage d'Eric alors qu'il était désigné pour être un peu le "connard" de service.) C'est parfois un peu feel-good et il y a assez peu de gag cringe ou relou (mis à part une scène du "caca de bébé sur la joue" totalement nulle.) Et le film évite certains clichés, par exemple, j'aime bien le fait que l'assistante sociale trouve que comparés aux cas qu'elle traite toute la journée, celui-ci est limite des vacances.
Le problème, c'est qu'arrivé au bout des deux tiers, le film se dit "bon bah, va falloir s'amorcer vers la fin habituelle" et semble trahir tout ce qu'il a raconté depuis le début :
Parce qu'à ce moment là, Holly est avec un médecin, Sam, et ça se passe bien : le mec est mignon, compréhensif et c'est un bon personnage. Eric enchaine les conquêtes sans lendemain ce qui semble lui convenir, il s'entend bien avec Sam et pourrait avoir un job dont il rêve dans une autre ville. Dans la vie Holly et Sam auraient gardées la fille, Eric serait parti vivre son job et serait devenu une sorte "d'oncle qui revient souvent à la maison."
Sauf que la ligne directrice de ce genre de comédie c'est qu'Holly et Sam DOIVENT finir ensemble. Du coup, on les fait coucher pour une nuit, on entame des histoires de jalousies, de dispute (Holly devient odieuse à ce moment là) et on enchaine les chaines clichés dont un "j'ai loupé ton avion à l'aéroport et je m'aperçois qu'en fait t'étais pas parti"
et le film oublie non seulement d'être drôle, mais il ne devient plus intéressant à suivre. C'est juste 20 ou 25 minutes de correction du scénario afin que la fin soit la plus "classique" et prévisible possible. J'avais tellement envie que ça finisse et en voyant le "tout ça pour ça" final, je me suis dit que ce film ne méritait pas toute l'indulgence que j'avais eu pour lui au départ.