Before Sunrise, romance devenue culte, n'a absolument pas réussi à m'accrocher. L'histoire de ces deux jeunes gens qui tombent amoureux l'un de l'autre en l'espace d'une nuit dans Vienne m'a semblé être un film pour minettes qui rêvent de rencontrer le grand amour au coin de la rue et de l'embrasser devant un coucher de soleil. Un peu trop romantique à mon goût en quelques sortes.
Seulement voilà, les notes de mes éclaireurs se situent toutes entre 6 et 9, pour une moyenne de 7/10. La note globale de Sens Critique est de 7.1/10. Le site comme mes éclaireurs m'ont rarement trahi et je me suis donc demandé d'où venait le problème. Pour la peine, je m'autorise même un titre de partie.
C'est pas toi, c'est moi.
Le film est donc d'une qualité avérée, mais n'a pas pris sur moi. Après réflexion, je pense que c'est un problème de timing, voire un problème générationnel.
Je m'explique: dans ce genre de film, on cherche forcément à ce que le spectateur s'identifie à un protagoniste pour relier son histoire à celle du film. Or, je n'ai pas pu. Mon problème, c'est qu'aujourd'hui en 2014, j'ai 23 ans. Lorsque j'étais au collège, tout le monde avait MSN. Facebook s'est popularisé lorsque j'étais au lycée, Skype dans ces eaux-là également. Aussi, l'idée de l'histoire éphémère et hautement romantique avec une inconnue que je ne reverrai plus jamais, ça ne me parle pas. Je me suis expatrié à multiples reprises, je le suis toujours, j'ai la chance d'avoir des amis un peu partout dans le monde, et nous sommes toujours en contact grâce à la technologie. Tout ça était bien plus difficile dans les années 90. Si j'étais né en 1980, j'aurais probablement été convaincu car c'est une histoire qui aurait pu m'arriver. Malgré moi, je n'ai pu comprendre l'intensité de leur amour et le déchirement au moment de se dire adieu. Aujourd'hui c'est impensable, ils se pokeraient sur Facebook, s’appelleraient sur Skype et tout le monde serait content.
Étant donc incapable de m'extasier devant tant de romantisme, je me suis laissé aller à regarder ce qu'il se passe autour.
Premier reproche qui est assez évident: c'est un film bavard. Trop bavard. Ça parle du sens de la vie, de l'amour, des différences culturelles, etc, etc... mais surtout ça en parle sérieusement. Tant qu'à voir une comédie romantique bavarde, regardez Annie Hall qui alterne entre réflexions sérieuses et moments humoristiques permettant de conserver notre attention. Ici, le film s'écoute un peu trop parler et il arrive qu'on décroche car la conversation n'est pas toujours passionnante.
Par ailleurs, Before Sunrise est connu pour le portrait de Vienne qu'il présente. Mon proche départ pour Vienne m'a donc poussé à ne pas en retarder davantage le visionnage. Je sais que la ville est connue pour son côté culturel, mais j'avoue que j'ai eu du mal à croire à tous ces personnages qui abordent ou que voient nos deux tourtereaux: un poète de rue, une chiromancienne, une danseuse orientale, un joueur de clavecin (au petit matin en été, donc vers 6h30, le mec est motivé), et même un barman qui file des bouteilles gratis si tu dis que t'es accompagné. N'en jetez plus ! J'attends de voir sur place, mais je serais étonné d'avoir droit à tout ça.
Enfin, un mot sur la réalisation, Ours d'Argent à Berlin. Je préfère ne pas regarder les films en compétition car ça sent l'injustice. Sans être mauvaise, elle n'a rien de spécial, ou en tout cas rien qui ne justifierait un prix. Linklater se contente de poser sa caméra et de les écouter parler. Quant au portrait de Vienne, il est joli mais j'attendrai d'être sur place pour en juger la qualité réelle.
Pas rancunier, je regarderai les suites, ne serait-ce que pour savoir comment ils ont fini par se retrouver.
PS: ayant désormais séjourné deux fois à Vienne, je vous confirme que ce sont de sacrés randonneurs !