http://made-in-asie.blogspot.fr/2010/11/before-full-moon-seo-seh-chin.html


Il y a peu de mot qui pourrait exprimer ce que l’on ressent devant Before the Full Moon. Les conditions dans lesquels ses travailleurs font grève sont révoltantes. Révoltante parce qu’il est incroyable de voir et d’assister aux exactions policières. Tout aussi révoltant et incompréhensible de voir ces « milices » patronales combattre aux côtés des forces de l’ordre en envoyant des projectiles aux lances pierres. Mais quelle est cette société qui permet cela ? Quelle force de l’ordre (fonctionnaires du gouvernement) peut autoriser que des individus sous prétexte d’être la « garde rapprochée » de la direction agissent de la sorte ? Ecoeurant.


Il faut les voir ces policiers endimanchés de leur casque, de leur « armure », de leur bouclier et de leur matraque (taffon) de rigueur qui frappent sans discernement des manifestants qui protestent pour conserver leur emploi. Des coups à répétitions qui virent au tabassage acharné pur et simple. Il faut les voir aussi ces hélicoptères (toujours de la police) lancer des sacs en plastique qui contiennent de la lacrymogène liquide laquelle vient ronger la peau des grévistes qui n’auraient pas eu le temps de s’éloigner à l’impact de ces « paquets » sur le sol. Drôle de technique pour broyer la révolte engagée. Si la guerre « physique » existe, on pourrait parler de cette « guerre » psychologique où la technique consiste à assommer à longueur de jour (et de nuit !) le morale des troupes avec une musique dont le volume est poussé à son maximum.


On pourrait également parler de la direction qui pour semer la zizanie parmi les grévistes envoie des dizaines de message téléphonique (sms) des plus contradictoires. Alors que les blessés (parfois très grave) s’entassent sans possibilité de voir intervenir des médecins, les pourparlers entre la direction de Ssangyong Motors et les responsables syndicaux s’engoncent vers le point de non-retour. La direction le sait, le gouvernement les soutient dans cette entreprise du plan social et elle attend sagement que forces de l’ordre et « milice » à leur ordre viennent à bout des résistants. A vomir. La contestation est une chose, je ne sais si le droit de grève existe en Corée du Sud (j’imagine que oui) mais la répression en est une autre et celle qui nous est montrée ici est tout bonnement inhumaine.


Alors Seo Seh-chin est là avec sa caméra. Il filme la lutte au quotidien, l’organisation de ses hommes qui ont décidés de se barricader dans leur usine en attendant d’avoir satisfaction, c'est-à-dire la préservation de leur emploi dont la suppression n’est pas justifiée. Il interroge. Des grévistes ouvrent leur cœur dans ce drame non fictionnel mais bien réel. En l’espace de quinze jours, il est eux : ces hommes, des travailleurs qui ont femmes et enfants. Des travailleurs qu’on souhaite jeter comme du papier usager pour le seul profit. Before the Full Moon est de ces documentaires qui vous scotchent et vous hantent un bon bout temps. Ecrire sur ce documentaire me rappelle ces images, ce combat, ces hommes qui même dans la tragédie trouvaient encore la force de sourire mais surtout je revois ces visages, des visages désolés, fatigués, en pleure où se dessine la peur du lendemain. L’émotion est grande… bien trop grande pour continuer à l’exprimer par écrit.

IllitchD
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le 9 juil. 2013

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