Je pourrais commencer ainsi : j'ai tout à la fois aimé et pas aimé.
J'ai aimé, voire adoré Christopher Plummer dans le rôle de Hal, cet éternel "débutant" qui devenu veuf après plus de 40 années de mariage fait son coming out à 75 ans, joignant si je puis dire le geste à la parole, avide de mordre enfin au plaisir et de donner corps à ses fantasmes en séduisant un compagnon plus jeune sous le regard médusé de son fils.
J'ai aimé Oliver, incarné avec justesse et sensibilité par Ewan McGregor, dévasté par la mort d'un père qui, enfant, lui avait cruellement manqué, ratant sa vie sentimentale parce-que toutes ses femmes le ramenaient à une mère forte et prégnante, un peu folle, souvent triste, qui l'avait marqué à jamais.
J'ai aimé enfin Arthur le "chien qui- pense", à la fidélité indéfectible, petit personnage à poils hérité de son père et qu'Oliver ne peut plus quitter, symbole muet mais gage de stabilité affective, celui qui ne l'abandonnera jamais.
Mais j'ai beaucoup moins aimé l'autre histoire d'amour qui contre toute attente m'a semblé assez artificielle et convenue malgré le personnage d'Anna censé être différent : cette fille harcelée au téléphone par un père suicidaire ne m'a pas embarquée, et cette fois, Mélanie Laurent n'a pas suscité en moi l'émotion attendue, me faisant l'effet d'une pièce rapportée.
Un film qui tire sa force de la relation père fils et de la découverte d'un lien essentiel qui forge la personnalité de l'adulte en devenir.