Récit enchâssé feel-good où l'on voit la force salvatrice des contes et des récits. Dans une Amérique raciste et patriarcale, la légende de Towanda donne des ailes à une ménagère dépressive et boulimique.
Le rythme des deux récits est très bien maîtrisé, et la photographie rend très bien l'Amérique pittoresque des années 30. Excellente aussi la maîtrise de l'humour assuré par de très bons acteurs.
C'est donc un film réussi dans son genre, mais pas plus, parce que le fond du propos reste quand même très américain dans ce qu'il y a de pire. C'est du libéralisme naïf, mièvre et individualiste, du "yes we can" et du "self made woman" à la sauce Tom Sawyer. J'ai du mal à comprendre comment on peut encore célébrer ce genre de choses, et encore moins comment on peut en faire un credo tangible pour l'avenir. Là concrètement, le film nous demande d'applaudir une femme qui défonce la voiture de deux pétasses au prétexte qu'elles lui ont pris sa place de parking... ou encore d'applaudir une servante noire d'avoir défoncé le crâne d'un gars à coup de pelle et d'avoir fait disparaître son corps en le dépeçant et en en faisant des grillades... Ça passe dans la bonne humeur, parce qu'il était raciste, qu'il battait sa femme et qu'il voulait récupérer la garde de son fils.
Je ne demande pas au cinéma d'être moral, mais je trouve suspecte cette complaisance qu'ont de nombreux artistes à représenter des actes délictuels ou criminels comme des actes légitimes et louables. Cet art-là ressemble à un défouloir qui cache de vieilles frustrations en train de pourrir dans leur cœur. La profanation virtuelle du cadavre d'un homme blanc raciste et machiste leur provoque une joie éphémère. Je ne participe pas à cette étrange (quoi qu’ordinaire...) communion.