Pour son premier film, Pengfei montre les ravages de la croissance urbaine démesurée à Beijing. A travers trois destins, il va raconter la Chine d'aujourd'hui, celle des laissés pour compte de la société.


Pour survivre, Yong Le (Luo Wenjie) récupère des meubles anciens pour les revendre. Sa voisine Xiao Yun (Ying Ze) danse dans un bar, en attendant de trouver un emploi de secrétaire. Lao Jin (Zhao Fuyu) est le dernier à ne pas avoir vendu sa maison, il attend une belle offre pour acquérir un appartement dans un complexe moderne.


C'est du cinéma contemplatif. La mise en scène de Pengfei est particulièrement réussie. Il a su mettre en lumière le visage d'une Chine, détruisant aussi bien les anciennes bâtisses, que ceux qui vivent en son sein. L'attachement à un coût, la vie en a un autre.


Yong Le (Luo Wenjie) et Xiao Yun (Ying Ze), vivent dans le sous-sol d'un immense bâtiment. Les caves sont devenues leurs appartements. Ils partagent ce lieu avec d'autres personnes et ils rêvent tous de s'installer plus haut. C'est le signe d'une réussite sociale, plus on monte, plus on montre qu'on a de l'argent. En attendant, Ils se cognent aux tuyaux et au bas plafond des couloirs étroits. Ils n'ont pas de douches, ni de cuisines. Ils souffrent de la solitude et il va falloir un drame pour que deux êtres se rapprochent enfin.


La Chine est le pays le plus peuplé au monde : 1 373 505 511 habitants. Mais cela n'empêche pas de se sentir seul, même si on a du monde autour de nous. Le film montre ce paradoxe. Ils ont beau n'avoir qu'un mur qui les sépare, cela ne change rien à leur condition sociale. Ils sont comme des poules en cage, ne sortant que pour picorer ce que la société a bien voulu leur laisser. Ils n'ont pas de vie sociale, ni de loisirs. Ils tentent juste de survivre, tout en rêvant d'un meilleur avenir, même s'il se dégage de leurs regards, une immense mélancolie.


Les personnages manquent de relief. Le film a beau être esthétiquement réussi, le temps semble long durant 1h15. Pengfei échoue au niveau du scénario, écrit en collaboration avec Isabelle Mayor. On ne ressent pas vraiment d'émotions, face à la difficulté de ces gens. C'est comme un beau tableau et il ne plait pas forcément à tout le monde. L'histoire souffre de cette sécheresse narrative, de cette absence de profondeur. On regarde, on observe et on attend l'étincelle. Même le feu d'artifice ne soulève pas l'enthousiasme. Pourtant, on devrait avoir de l'empathie pour eux. Elle se fait doucement ressentir, à travers le regard de Ying Ze. Mais, elle est éphémère.


Le film ne marque pas l'esprit. Les histoires de Beijing ne captivent pas l'attention. Une succession de beaux plans, manquant de vie. Pengfei sait tenir une caméra, on attend qu'il sache aussi y insuffler de l'émotion. Un coup d'essai intéressant, mais peu passionnant, à suivre....

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le 7 janv. 2016

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Laurent Doe

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