Bel-Ami sans moustache, c'est un peu comme Superman sans slip ; j'aurais dû me douter dès le départ que ça ne passerait pas. L'adaptation est globalement fidèle, aucun des personnages principaux ne manque et les évènements essentiels sont là (y compris une version allégée des questions politiques autour de l'Algérie et du Maroc, ce qui est assez honorable), mais le film passe complètement à côté du personnage de Georges Duroy. J'avais trouvé Pattinson très bon dans Cosmopolis mais il retombe ici au plus bas et ne fait qu'alterner sourires benoîts et regards intenses censés marquer sa profonde noirceur ; surtout, tout ce qui lui arrive semble être une série de coups de bol tombés du ciel sur un pauvre type vaguement idiot. Tout va trop vite (il semble se passer un mois à peine entre sa rencontre fortuite avec Forestier et son mariage avec Madeleine ; ça ne représente d'ailleurs qu'une demi-heure du film) et Bel Ami passe juste pour un joli coeur tiré vers le haut par les femmes qu'il séduit, là où le roman le présente comme un bon salopard qui se sert cyniquement d'elles comme de marchepieds tout en intriguant avec talent contre leurs maris. Presque tous les passages où il éprouve des difficultés sont d'ailleurs passés à la trappe. A trop vouloir le rendre charmant et sympathique, le film en oublie tout son magnétisme un brin sulfureux - et ce ne sont pas quelques plans sur des nichons qui peuvent compenser cette perte - mais bon, encore une fois, sans moustache, que faire ?
Les seconds rôles masculins subissent d'ailleurs le même sort - Walter (rebaptisé Rousset) et Laroche apparaissent comme de petits conspirateurs maladroits. Quant aux femmes, elles sont au final assez insignifiantes. Christina Ricci minaude platement - passe encore, ça colle bien à Clotilde -, Uma Thurman joue de sa voix grave et semble sur le point de sortir un pack de Schweppes d'un recoin à tout instant ; seule Kristin Scott-Thomas surnage dans le rôle de la pauvre Mme Walter torturée par Bel Ami, la seule finalement qui ait à pâtir dans le film de la cruauté dont il faisait preuve dans le roman.
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le 29 juin 2012

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