Alors Clovis, ça glisse ?
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Troisième et dernier volet des aventures de Belle et Sébastien… et troisième réalisateur différent. En marge de l’histoire, Nicolas Vanier nous avait enchantés par ses prises de vues. Moins virtuose dans le maniement de la caméra, Christian Duguay avait tout de même réussi le pari de succéder à Nicolas Vanier, sans toutefois parvenir à se hisser au même niveau que l’explorateur du Grand Nord. Alors de voir Clovis Cornillac à la réalisation, je craignais un peu le pire. Oh ! le risque n’était pas bien grand, du fait que ce troisième volet est annoncé comme étant le dernier, évitant un possible fiasco sur une éventuelle nouvelle suite. Mais quand même : un retour sur investissement est toujours préférable, et Cornillac risquait tout de même sa jeune carrière de réalisateur (il signe là son deuxième long métrage seulement).
Eh bien voilà le résultat selon moi : qualitativement, ce troisième opus se situe entre le premier et le second. Oh il y a bien quelques défauts… malgré des décors de rêve pour quiconque sait apprécier les panoramas que seule la montagne sait nous offrir, et mis à part quelques plans intéressants, il n’a pas su la mettre autant en valeur que ses prédécesseurs. Rassurez-vous, le dépaysement est là, et il y a même des chances que les épaisses couches de neige s’étalant devant vous à perte de vue vous fassent avoir un peu froid. Je ne parlerai pas du système de chauffage de la salle hypothétiquement mal réglé… Allons, allons, ce serait médisant...
Dommage toutefois que quelques erreurs se soient glissées, comme les arbres totalement dénués de neige après une bonne tempête de neige, ou qu’aucune fumée ne sorte de la bouche des personnages à aucun moment. Malgré tout, Cornillac a su respecter l’image de marque de ce qui est désormais une trilogie, en utilisant à bon escient la musique d’Armand Amar, et plus particulièrement le thème principal commun aux trois films : à travers le piano diffusant avec beaucoup de douceur et de mélancolie ses notes, on reconnaîtra à maintes reprises l’esquisse de la chanson « Belle ». Le plaisir de retrouver César, Sébastien, et leur chienne Belle est donc bien réel et on a vite fait de se remettre dans le bain.
En dehors de ça, Cornillac a su se servir du scénario écrit par Juliette Sales et Fabien Suarez. Franchement, intégrer un soupçon de western dans cette nouvelle aventure teintée de dramaturgie permet au film d’échapper à la sensation de déjà-vu. Et quand en plus on y a intégré avec beaucoup de spontanéité de l’humour, pourquoi bouder son plaisir ?
Mais, mais… oui je sais : le mot « western » vous fait peut-être un peu bondir. C’est vrai que nous sommes loin du concept des cow-boys et des indiens, mais le western se limite seulement à ça ? Les cinéphiles répondront unanimement « bien sûr que non ». Mais franchement, quand on y pense, le clin d’œil envers le genre est flagrant ! Et ça commence par l’apparence qu’a prise Clovis Cornillac pour son personnage qu’il porte avec brio, au point d’entendre certains spectateurs le qualifier de fou, et même de psychopathe. Je dois admettre qu’il fait froid dans le dos, affublé d’un costume à mi-chemin entre trappeur et chasseur de primes auquel on rajoute un regard dur, dans lequel on ne voit que le vide, la haine et la mort. Sous son chapeau vissé sur la tête, il revêt le parfait costume du bad guy à la sauce western, un méchant à la gueule patibulaire qu’on aimera détester.
Mais alors à ce compte-là, comment peut-on intégrer de l’humour ? Eh bien il vient tardivement. D’abord entre César (Tchéky Karyo, toujours impeccable) et Urbain le maire (André Penvern), puis ce sera autour de Madeleine (Anne Bernoit, savoureuse) d’apporter son grain de sel. Et ma foi, cet humour est plutôt le bienvenu, d’autant qu’il n’est jamais surfait.
Quant à la photographie, elle n’est pas aussi léchée que lors des deux premiers épisodes (surtout en comparaison avec celui de Nicolas Vanier), mais elle offre quand même de beaux clichés, notamment en matière de portraits, que ce soit sur Joseph ou sur les chiens.
D’ailleurs en parlant de chiens, il me semble qu’on peut saluer les dresseurs. Belle est plus expressive que jamais, et par moments il ne lui manque plus que la parole ! Alors oui, ce chapitre final est bon. Et si vous vous inquiétez de voir Cornillac à la baguette, eh bien soyez rassurés et allez voir ce film sans crainte. Il offre un bon spectacle familial, qui ravira aussi bien les adultes que les enfants.
Créée
le 29 déc. 2020
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