Vu le titre de cet avis, vous devez sans doute vous dire que l'masqué, y s'est trompé de film ou bien qu'il fait de sacrés mélanges dans la salle. Mais non, je vous rassure. Car Belle et Sébastien : L'Aventure Continue, c'est l'utilisation de cette facile ficelle narrative pour susciter l'émotion. Sébastien n'est donc plus un orphelin, comme on nous l'avait fait croire naïvement dans le premier opus. Si c'était pas fait pour nous apitoyer et nous faire lâcher quelques piécettes, tout ça...
Sébastien, c'est donc un petit Luke Skywalker à flanc de montagne 1945 friendly, avec son Dark Vador sans respirateur, appelé ici "l'Autre" (Whaou ! Quel mystère !), son Obi Wan Kenobi tout blanc interprété par l'ami Tchéky Karyo et sa princesse Leïa, en la personne d'Angélina, qu'il doit sauver d'un incendie de forêt. Quant à Belle, il s'agit à coup sûr d'un wookie albinos déguisé en chien (Elle fait d'ailleurs les mêmes bruits que le copain poilu de Han Solo...).
Bon, trêve de plaisanteries : ce nouveau Belle et Sébastien, dont les aventures continuent donc en ce mois de décembre 2015, se regarde sans déplaisir, bien calé dans le fauteuil et surtout, dans le confort rassurant d'un scénario balisé aux péripéties tant attendues que déjà vues. Les images sont très belles, magnifiant une nature française souveraine. Cependant, finies la haute montagne et la neige omniprésente, pour laisser la place aux verts gourmands de la forêt et aux couleurs chaudes de l'été. Exit donc, derrière la caméra, Nicolas Vanier, au profit de Christian Duguay. Cela ne changera pas grand chose devant : même réalisation fonctionnelle, sans pour pour autant se distinguer. Le terrain n'est en effet pas très favorable, car seuls les enfants regardent.
Si l'intrigue familiale, inédite dans l'oeuvre originale, n'est pas trop mal gérée, elle change la nature du personnage de Sébastien, qui se limite désormais à jouer un gamin aussi incontrôlable qu'énervant, et qui se met constamment en danger, à l'image de cette première scène estomaquante de luge à l'issue de laquelle il est sauvé par Belle, et qu'il conclut par un large sourire et un petit trait d'humour totalement hors sujet. Y'a vraiment des claques qui se perdent... Cette filiation est aussi dommageable au couple enfant / animal, reléguant Belle au simple rang de faire valoir, de suiveur-renifleur ou encore de chercheur de chaussures. Dommage, la chienne étant toujours aussi belle. Quant à César, il ne fait que jouer les utilités dans une petite randonnée improvisée.
Heureusement que certains nouveaux personnages sont à leur avantage : celui du père tout d'abord, grâce à un Thierry Neuvic bougon et charmeur, même si la relation père/fils use et abuse de toutes les ficelles et raccourcis très raccourcis pour évoluer, passant du "T'es pas mon père !" à "Mon-papa-que-j'aime-très-fort-bisous" trop rapidement. Celui de la jeune Gabriele ensuite, pré ado totalement craquante et adorable qui deviendra une compagne de route futée pour un Sébastien qui la laissera tomber comme une vieille chaussette une fois le terme de l'aventure atteint. Petit con, va !
Mais malgré les défauts, malgré les facilités, malgré un script paresseux ou des situations improbables, Belle et Sébastien : L'Avenure Continue se révèle étrangement attachant, réussissant par instants à attendrir certains petits coeurs endurcis. Tout bien réfléchi, finalement, il ne doit pas être si mal que cela, ce film. C'est que le cynisme semble être une valeur en berne au sein de la bourse de mes émotions.
Behind_the_Mask, qui a dû se tromper de salle.