... mais pas "beau film"...
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le 29 oct. 2015
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Jean-Paul Rappeneau a dit, lors de la présentation de « Belles familles » : « Certains font de l’humour avec leurs gros sabots. Moi, je fais de la comédie avec des ballerines. » Rien ne pouvait mieux résumer la fantaisie pudique du dernier opus du cinéaste.
Un réalisateur discret au demeurant, loin d’être prolifique. Perfectionniste, peut-être ? On ressent dans « Belles familles » ce sens du détail. Et quelle idée sublime que de choisir le singulier Mathieu Amalric pour incarner le protagoniste d’une histoire à l’image du comédien. C’est-à-dire une forme de littérature visuelle, plus théâtrale que cinématographique, d’ailleurs.
La distribution est comme un ballet : gracieuse et très réussie. De Nicolas Garcia à Marine Vacth, d’André Dussollier à Guillaume de Tonquédec et Karin Viard, la partition est partout musicale. Un peu faux c'est vrai. Mais le rythme est toujours soutenu, imprévisible, parfois. La « Jeune & jolie » de François Ozon a-t-elle vraiment grandi ? L’actrice persiste dans son rôle profondément énigmatique, sorte de femme enfant attirée par les hommes mûrs (de Gilles Lellouche à Mathieu Amalric) mais en pleine crise adolescente. La peinture est belle, mais le dessin est étrange.
En réalité, Rappeneau s’éloigne souvent de son récit, pour narrer ici et là d’autres histoires. Le secret de famille ne devient alors plus qu’une simple anecdote parmi d’autres, cannibalisé par les nombreux non-dits qui parsèment le film. A force d’accumulation, « Belles familles » m’a perdue.
Car il s’agit avant tout d’un film à deux vitesses. L’une, résolument ancrée dans le passé – la demeure familiale appelant au souvenir -, et l’autre, définitivement moderne, symbolisée à la fois par cette vie d’affaires à Shanghaï, ou encore par la fougueuse jeunesse de Vacth. D’accord pour le parti-pris. Néanmoins est-ce nécessaire de tout conserver ? En résulte un film à la justesse inégale; non pas dans son interprétation, mais dans sa forme – trop dissipée. Franchement, quel véritable intérêt par exemple du personnage joué par Gemma Chan, mis à l’écart dès le départ dans la trame de l’histoire – à la fois en terme de distance kilométrique, puis rapidement en terme de distance « relationnelle » ?
« Belles familles » est cinématographiquement irréprochable. Pourtant, le sentiment d’un film trop réfléchi, pataud, en décalage avec la fureur de ses personnages. Détonnant, mais pas épatant.
Créée
le 9 oct. 2015
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