Belleville Tokyo par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Marie et Julien vivent en couple et ce dernier doit partir pour Venise. Sur le quai il annonce à sa compagne qu'en fait il cesse la vie commune pour rejoindre une autre femme. Marie enceinte se retrouve seule avec son angoisse et son métier qu'elle exerce en compagnie de deux cinéphiles acharnés dans un cinéma d'art et d'essai du Quartier Latin.
Julien tente de temps à autres quelques réapparitions et quelques réconciliations mais le cœur n'y est plus, d'autant que le physique de Marie change en raison de sa grossesse. Le jeune homme doit partir un beau jour pour son travail à Tokyo...


Il est certain que Marie est une femme qui souffre de la désinvolture de son compagnon. Celui-ci est un garçon instable, égoïste dans ses propos envers jeune femme et pourrait même se montrer brutal autant dans les paroles que dans les gestes. Julien est en fait le genre de personne qui va et agit en fonction de ses envies, de ses impulsions. Il ignore les complexes et aime se faire pardonner lorsque l'occasion l'oblige.
Devant de tels agissements, Marie résiste, tente de rester digne d'autant qu'elle semble heureuse d'attendre ce bébé dont Julien est le père. Elle résiste aux insultes, aux gestes et aux attentions maladroites, elle lutte seule afin que sa grossesse se passe le mieux possible. Elle résiste encore de toute son âme lorsque Julien la traite de baleine et lui avoue qu'elle est devenue moche et qu'il n'entend plus la toucher. Il lui faudra du courage pour apprendre en plus que le voyage de Tokyo s'arrêtait en fait...à Belleville.
Non, vraiment, Marie est une jeune femme appelée à se débrouiller seule, sans l'aide de personne, à lutter contre un homme qui exploite sa confiance et contre une administration qui se trouve bien embarrassée par les douloureux problèmes subis par certaines femmes. Marie aura t-elle le courage d'admettre que rester seule est parfois moins contraignant que de vivre au côté d'un homme instable et méprisant ?


C'est le tout premier film d'Elise Girard et le moins que l'on puise dire, c'est que cela se sent indéniablement. Le ratage est complet car on ne rentre jamais au cœur de cette histoire et on ne reste que sur une impression de bonnes intentions. Pourtant le sujet se prêtait à faire de ce film un très beau plaidoyer en faveur des femmes délaissées par ces hommes qui se refusent de les accompagner au cours des neuf mois de la grossesse et qui n'ont pas le courage de faire face aux responsabilités auxquelles, elles, sont bien obligées de se soumettre.
Ce film est court mais il paraît interminable tant le conventionnel et les clichés l'emportent sur l'originalité. De ce fait l'efficacité que la réalisatrice a peut-être voulu donner à ce sujet tombe à plat et l'on se retrouve, en plus d'une mise en scène approximative, en compagnie d'acteurs livrés à eux-mêmes. Seule Valérie Donzelli dans le rôle de la malheureuse Marie tente de surnager et arrive parfois à nous tirer une émotion. Quant à Jérémie Elkaïm qui interprète le fameux Julien il se montre bien terne. De plus le personnage qu'on lui prête semble mal étudié et peu crédible à force de vouloir en faire un "méchant" auquel il est impossible de trouver la moindre excuse. Nos deux gérants du cinéma "Grand Action" sont joués par Philippe Nahon et Jean-Christophe Bouvet. Ils nous apportent un clin d'œil appuyé au cinéma d'art et d'essai et ça, c'est une très bonne chose.


J'ai pour habitude de me montrer plutôt indulgent dans mes critiques pour un premier film mais là, tout de même, j'estime qu'être réalisateur(rice) est un métier surtout lorsque l'on aborde des problèmes aussi complexes que celui-ci. Pour faire du cinéma "militant" il faut savoir convaincre et pour convaincre il faut du talent. A mon avis, nous sommes loin du compte, ce qui n'a cependant pas empêché ce film d'être présenté dans certains festivals.


Ma note 4/10

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