N’ayant pas du tout été convaincu par Ossessione, encore moins par La terre tremble, et n’adhérant pas trop à l’esthétique glacée de Visconti à partir du Guépard, je considère Bellissima comme son meilleur film avec Rocco et ses frères. Anna Magnani y est pour beaucoup évidemment, représentant un personnage de femme aux entrailles déchirées par son amour pour son enfant mais la mise en scène de Visconti, pour une fois sobre et sans effet emphatique superflu est ici sans reproches. L’histoire est linéaire, bien construite et le propos est admirable qui décline une critique acerbe du cinéma façon Cinecittà, qui broie les âmes au profit d’une industrie standardisée… La critique sociale est tout aussi forte avec cette représentation des petites gens qui ont un rêve chevillé au corps et sont prêts à tous les sacrifices pour l’approcher. La fin, où Anna Magnani donne toute la mesure de son génie tragique en restituant à son personnage une humanité et une luminosité inattendues, est simplement sublime.